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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Some things should stay unspoken - Ary I :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Mar 26 Oct - 23:14
Some things should stay unspoken 09 septembre 2002 - 13h14

Parc du château de Poudlard

L’enfer. Voilà ce qu’avait vécu Rory pendant cet été et encore, c’était un doux euphémisme pour décrire les tortures aussi bien physiques que psychologiques que son père lui avait infligées. Si depuis la mort de son frère aîné Caïn il était habitué à subir le courroux de son géniteur, le suicide de sa mère un jour après son anniversaire avait accéléré les choses. Devenu héritier, son tempérament de base impulsif, agressif et hautain s’était accentué. Mécanisme de défense, certes stupide mais indispensable pour compenser de la violence qu’il subissait au manoir familial. Une rage sombre et virulente animait son jeune corps d’adolescent, s’extériorisant sur quiconque osait ne serait-ce qu’aborder le sujet avec lui. Il suffisait de voir avec quel acharnement il avait battu le pauvre Gryffondor qui s’était moqué de lui peu de temps avant le passage des BUSES. L’inconscient avait sous-estimé la folie du jeune Barjow. Un moment d’égarement que son père lui fit payer très cher. Bien souvent, Lilibeth était impliquée dans le processus tordu et sadique du chef de famille, utilisant sans vergogne l’affection et la dévotion que lui portait Rory. Elle était sa plus grande faiblesse.

Revenir à Poudlard était à la fois une libération et une autre forme de torture, plus pernicieuse et moins directe. A distance, incapable de contrôler les agissements de son père sur sa jeune soeur cracmol, Rory était incapable de la protéger. Comble de la lente agonie qu’il vivait, le sorcier ne pouvait en parler à personne. En effet, la condition de Lili étant secrète, personne ne devait savoir qu’elle n’avait pas de pouvoir. Une sang-pur, née Barjow qui plus est, cracmol ? C’était la honte, la déchéance et la mort assurée pour cette famille aux liens étroits avec l’idéologie mangemort. Non. Il avait beau exécrer la mentalité puriste qui collait à son patronyme, Rory ne pouvait se résoudre à l’idée de mettre sa soeur en danger.
A peine avait-il remis les pieds au château que Rory s’était plongé dans ses études. Un échappatoire qui, bien que léger, permettait toutefois de lui procurer une petite once de plaisir. Il avait ainsi passé les quelques jours depuis son arrivée à la bibliothèque, épluchant les nombreux ouvrages traitant de potions, enchantements et botanique. Ses trois sujets de prédilection. S’il était bien loin de trouver exactement ce qu’il cherchait, la boutique de son père recelant de parchemins et livres plus avancés, parfois même interdits, Rory y dénichait toutefois des pistes pour ses expérimentations. Poudlard était également le seul lieu où il avait le droit de pratiquer des enchantements sur les différents objets qu’il collectait. Une de ses valises en était d’ailleurs pleine, contenant cette année un petit sac rempli de différents ingrédients bien précis.

Alors que son repas dans la Grande Salle se terminait, Rory glissa dans la poche de son uniforme deux petits pains qui trainaient encore sur la table et se leva du banc. Il se dirigea vers la table des Poufsouffles et souffla à l’oreille d’Abigail. « Rendez-vous dans vingt-minutes dans le parc à l’endroit habituel. » Sur ces quelques mots il prit la direction des dortoirs des Serpentards, finissant son muffin au chocolat. Pas franchement d’humeur à socialiser avec qui que ce soit, il ignora royalement les quelques élèves qui tentèrent de le saluer ou même d’engager la conversation avec lui, leur jetant simplement un regard empreint de dédain. Si la rentrée scolaire le réjouissait pour bien des raisons, il était revenu au château encore plus chargé en agressivité et froideur. Délaissant certaines fréquentations au profit de plus d’isolement et de travail acharné, Rory ne voulait plus perdre son temps. Il avait la conviction d’être entouré de moins que rien, stupides et incapables qui ne méritaient même pas un regard de sa part. C’est avec cette mentalité qu’il bouscula brutalement un première année pour accéder à son dortoir et s’empara du précieux sac. Rebroussant chemin, il fut obligé une seconde fois de violenter le pauvre garçon un peu perdu, lui hurlant dessus. « Mais putain c’est pas possible d’être aussi empoté ! Tu vois pas que tu gênes à traîner là bêtement ?! Dégage de mon chemin ! » La violence de ses propos surprit le jeune serpentard face à lui qui s’écarta, allant jusqu’à se coller contre le mur en pierres pour le laisser passer. Tête baissée, fixant ses chaussures et tremblant comme une feuille, il n’osa même pas bredouiller de vaines excuses. Profondément énervé, Rory quitta le château, il décoiffa sa tignasse brune jusque là soigneusement plaquée sur son crâne pour adopter un look bien plus anarchique et s’attaqua à présent à l’un des pains qu’il gardait dans sa poche.

Ce fut quand il contourna un des murs du château pour atteindre le parc qu’il repéra la présence d’Abigail, l’attendant déjà sous le majestueux orme où ils avaient l’habitude de traîner. Rory pressa le pas pour la rejoindre et finit par déposer le sac à ses pieds. « Les premières années sont une véritable plaie cette année… C’est le cinquième en trois jours que je suis obligé de réprimander. » Il s’assit en tailleur face à elle et défit les liens maintenant le sac fermé pour en sortir différents bocaux d’ingrédients : feuilles de mandragore, chrysalides de Sphinx à tête-de-mort, petites fioles en cristal vides et dans un bocal entièrement entouré d’un épais tissu de la rosée. Des ingrédients qu’il connaissait lui-même par coeur pour avoir déjà effectué le processus quelques années auparavant. « Bon, je t’ai ramené tout ce dont tu as besoin pour le rituel. J’ai fait du stock comme ça tu en auras suffisamment si une étape échoue pour recommencer. Tu en es où en ce moment ? » Il leva pour la première fois ses prunelles sombres vers elle, captant le regard de son amie. Contrairement à l’année scolaire passée, en cette rentrée Rory affichait une expression bien plus fermée, presque sombre. Les séquelles des nombreux traumatismes subis durant l’été se lisaient sur ses traits pour quiconque connaissait un tant soit peu le fils Barjow.
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Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Jeu 28 Oct - 10:28

09 septembre 2002

Avez-vous déjà essayé de manger votre repas avec une feuille de Mandragore dans la bouche ? Ceux qui n’ont jamais vécu cette pénible expérience ne comprendront donc jamais la terrible épreuve que c’est de mâcher ses aliments lors des repas tout en essayant de conserver le précieux ingrédient intact.
Déjà qualifiée de bizarre depuis ma première année par les autres élèves, depuis la rentrée, en me voyant ainsi manger lentement et à minuscules bouchées, je venais de finir de sceller ma réputation. Voilà pourquoi aujourd’hui lors du repas, je me retrouvais en bout de table, à l’emplacement des Poufsouffle, complètement esseulée de toute présence humaine. Non pas que je sois rejetée par ceux de ma maison, mais la plupart préférait ne pas m’adresser la parole ou m’ignorer, sans doute même que certains n’avaient même pas remarqué ma présence depuis quatre ans.
Cela aurait pu être dérangeant, et j’aurais pu mal le vivre, et pourtant, j’étais bien contente d’être assise seule, avec la seule excellente compagnie du livre de dragonologie que j’avais emprunté la veille à la bibliothèque. Je n’étais guère faite pour la compagnie des autres, ou seulement pour de rares étudiants, comme mon frère, encore assis parmi ses amis sur le banc des Serdaigle, ou encore de Harper, là-bas, chez les Gryffondor.

Pensées dirigées vers eux, je levais le nez de mon ouvrage, la fourchette en suspension entre mon assiette et ma bouche. Je voyais Kyle rire à pleins poumons, entouré de ses amis avec qui il passait le plus clair de son temps. Bien que nous appartenions à la même famille et que nous étions très proches, nous n’avions que peu de choses en commun en dehors de nos traits génétiques. Lui était grand, très sociable avec plein d’amis, doué en potion et en duel. Moi, j’étais petite, maladivement timide et je n’étais douée qu’en botanique ou en soins aux créatures magiques. Pourtant, je n’éprouvais aucune jalousie alors que mes yeux sombres admiraient sa chevelure en bataille. J’aimais le voir s’amuser de la sorte.
Regard balayant la salle, je tombais sans mal sur Harper et un sourire léger vint fendre mes lèvres. Sa manière de manger était aux antipodes de la mienne. Lorsque je mangeais délicatement et lentement, elle, elle ressemblait à une véritable lionne qui n’avait pas pu avoir sa pitance de tout l’été. Elle dévorait les plats goulument et sans grâce, et même si s’en était presque dégoûtant, moi, j’étais très amusée de la voir ainsi. Harper était ma seule véritable amie, et elle me faisait rire quoiqu’il puisse arriver, quand bien même elle était aussi la personne qui m’agaçait le plus au monde, moi, petite sorcière toujours très calme habituellement. Nos regards se croisèrent et nous nous adressions un sourire commun avant que je ne me replonge dans ma fascinante lecture, me décidant enfin à apporter ma fourchette à ma bouche pour recommencer à mâcher mes aliments avec parcimonie.

Ainsi plongée dans ma lecture, je n’avais ni entendu, ni senti la présence de Barjow qui se glissa dans mon dos pour me susurrer à l’oreille. Bondissant de surprise, je le regardais, épouvantée avant de hocher la tête une fois que mon cerveau a réussi à traiter les paroles qu’ils venaient de me souffler. Gênée par la situation, et parce que plusieurs regards s’étaient tournés vers nous, je sentais le feu me monter aux joues et sans doute bientôt serais-je rouge comme une tomate. Après tout, les deux « cas » de Poudlard vus ensemble, ça faisait parler les commères, et voilà déjà que les messes basses commencèrent autour de moi tandis que l’élève de Serpentard s’en allait déjà.
Un peu désemparée, je cherchais le regard de mon frère qui n’avait rien vu à la scène, puis Harper qui, elle, avait été aux premières loges. La bouche pleine, je la vis s’accouder théâtralement sur la table avec un haussement de sourcils significatif et un sourire aussi béat que le chat Cheshire dans ce conte pour enfants moldu. Arrondissant de grands yeux à son encontre, je secouais la tête et, la voyant éclater de rire, je ne pus m’empêcher de pouffer à mon tour avant de baisser à nouveau les yeux sur mon assiette. Bon, j’avais réussi à manger une grande partie de son contenu, et tant pis si j’avais encore faim, je saurais tenir jusqu’à ce soir.

Refermant mon livre d’un geste souple, je l’attrapais avant de l’enfourner dans mon sac en bandoulière dont je plaçais la hanse sur mon épaule. Avant de quitter la grande salle, je tirais la langue à l’adresse de ma meilleure amie avant de sortir dans le parc.
Le brouhaha qui s’atténuait petit à petit à mesure que je m’éloignais des foules me soulagea grandement. Bientôt arrivée sur mon lieu de rendez-vous, je posais mon sac contre le tronc du grand arbre tout en adressant un sourire à ce dernier. Folle, je ne l’étais pas, contrairement à ce que beaucoup d’élèves pouvaient penser. J’étais simplement respectueuse de toute forme de vie qui m’entourait, et les arbres en faisaient partie. Ainsi, après avoir adressé mes salutations à l’orme, je m’installais en tailleur contre son tronc et reprenais mon livre sur la dragonologie en attendant le garçon de la maison verte.
Ce dernier ne tarda d’ailleurs pas à arriver en grande pompe avec cette délicatesse brute qui lui était propre. Nous ne nous connaissions pas encore très bien, mais j’avais su voir en lui la personne en détresse qu’il était et qu’il cachait derrière tant de colère. Il avait violemment frappé un élève l’année passée et j’avais été l’une des rares (inconnues qui plus est) à m’être inquiétée pour lui sans émettre de jugement quelconque. Depuis, Rory et moi entretenions une relation amicale plutôt légère, et je me donnais la mission silencieuse de l’apaiser au mieux à chaque fois que cela me semblait nécessaire. De fil en aiguille, j’avais appris qu’il avait réussi à devenir animagus quelques années auparavant, et aujourd’hui, à l’aube de mes quatorze ans, je m’étais à mon tour lancé ce défi rêvé depuis longtemps. Rory avait eu la gentillesse de m’aider, et sans doute que savoir que j’étais un danger public en cours de potions l’avait aidé à être plus enclin envers moi. Pas plus tard qu’hier, j’avais tout de même réussi encore une fois à faire exploser ma potion pour soigner les furoncles, qui est une potion de première année.
Je me désespérais.
Relevant les genoux, et donc mon livre qui y était posé, alors que le Barjow s’installa face à moi, je clignais plusieurs fois des yeux alors qu’il me fit part de son ressenti à propos des premières années.

- Bah tu… n’as qu’à pas les réprimander et passer outre ?

Suggérais-je en toute innocence, les sourcils légèrement froncés par mon manque d'assurance, tandis que je le voyais déballer son sac devant moi. Il y avait là tous les ingrédients nécessaires à la potion, et je sentis mon cœur se soulever de joie et d’impatience. Néanmoins, je n’en montrais rien, préférant fermer mon livre tout en le serrant contre ma poitrine comme s’il s’agissait d’un doudou tandis que je vérifiais un par un les éléments présents devant moi.

- Wow c’est formidable tout ce que tu as réussi à rassembler.

J’étais sincèrement admirative. Bien que je ne doutais pas de ma capacité à rassembler ces ingrédients (j’en avais d’ailleurs trouvé la plupart), Rory m’impressionnait par sa candeur sous ses traits constamment de mauvaise humeur. Je me décidais ensuite à répondre à sa question tout en passant ma main sur ma nuque dans un geste nerveux, secouant ainsi ma chevelure brune qui me tombait sur les épaules.

- J’ai pu me fournir la feuille de Mandragore, du coup j’en ai tout de suite profité, je l’ai dans la bouche depuis la dernière pleine lune. Je dois la retirer le vingt et un.

Pour quelqu’un qui avait du mal à manger avec cette maudite feuille dans la bouche, je réussissais à parler sans trop de difficulté, à croire que je m’étais entraînée. Je pointais ensuite de l’index les ingrédients au fur et à mesure.

- La fiole de cristal c’est bon, la rosée je pense savoir où la trouver sur le moment pour qu’elle soit bien fraîche… sauf si… sauf si tu penses, que ça ne vaut pas la peine et que celle que tu as là est suffisante ? Je me mordais la lèvre, nerveuse et soudainement hésitante, puis je regardais la chrysalide. Et ça ouais je n’en ai pas encore trouvé.

Levant mes yeux vers lui, je croisais son regard sombre et dur, ce qui me fit immédiatement tourner les prunelles. Quelque chose en lui avait changé durant l’été, et quelque chose me disait que ce n’était pas de bon augure. Un peu nerveuse, je remuais sur place avant de suggérer d’une voix timide et hésitante.

- Mais euh... on peut… on peut voir ça une autre fois si tu… si tu préfères ou que tu es… trop préoccupé par quelque chose d’autre… Tu… tu sais tu peux m’en parler si tu… veux…


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Ven 29 Oct - 18:02
Some things should stay unspokenSe retrouver parmi tant de joie, d’agitation, de bruit et de bavardages futiles avait le don d’agacer Rory. Depuis la fin de l’année scolaire passée, ses camarades l’exaspéraient au plus haut point. La colère qui bouillonnait en lui venait polluer la moindre interaction sociale qu’il pouvait avoir, teintait ses paroles et ponctuait ses actes d’une agressivité féroce. Un rien pouvait le faire sortir de ses gonds. Le jeune héritier Barjow avait déjà hérité d’une sale réputation après la mort de son frère aîné Caïn, devenant plus dur, froid et hautain. La nouvelle du suicide de sa mère n’avait fait qu’empirer l’image que les autres se faisaient de lui. Avec cette nouvelle réputation qui lui collait à la peau, Rory n’avait eu d’autre choix que d’agir en conséquence. On le disait cruel, colérique et impulsif ? Soit. Son courroux s’abattrait donc de façon aléatoire. Il avait un nom et une réputation à protéger après tout. Ne surtout pas montrer aux autres que ça t’affecte. Ne pas sembler faible. Taper plutôt que pleurer. Voilà ce que le jeune Serpentard de seize ans se répétait en boucle. Les nombreuses cicatrices présentes sur le dos de ses mains en était la démonstration. A la moindre frustration il abattait ses jointures blanchies par la rage contre tout ce qu’il trouvait : oreillers, murs, visages… Rien ne semblait calmer les plaies béantes laissées par le départ précipité de sa mère.

Rory n’avait plus rien à faire du regard des autres. Il savait pertinemment que si ses prunelles sombres croisaient celles des petits curieux l’épiant, ces derniers détourneraient automatiquement leur attention, bien trop terrifiés à l’idée de croiser ses iris accusateurs. Ainsi, il ne se préoccupa pas de ce que pourraient dire certains quand il approcha la jeune Abigail. Certes, un Serpentard qui va voir une Poufsouffle ça n’était pas commun. Et alors ?! Qu’est-ce que ça peut bien leur foutre putain ?! S’il ne pouvait pas vraiment qualifier la jeune demoiselle d’ « amie », il avait eu vent de son intention de devenir animagus. Un processus long, parfois décourageant et qui pouvait être effrayant quand on n’était pas accompagné. Lui-même était passé par là avec l’aide de sa mère. Deux ans à peine qu’il avait acquis sa forme de renard et ressentait systématiquement un puissant sentiment de liberté quand il prenait l’apparence du goupil pour se balader et s’évader en pleine nature. Une chance qu’il ne soit pas un lion ou autre ! Proposer son aide à Abigail était venu naturellement. La pauvre jeune fille était déjà un désastre ambulant en potions, se faisait pas mal emmerder, presque rejetée par ses pairs. Autant d’éléments qui l’avaient poussé à s’intéresser à elle.

Profitant de l’après-midi qui était accordé à tous les élèves en cette rentrée, Rory la rejoignit dans le parc après avoir récupéré le sac d’ingrédients qu’il lui avait confectionné avant de revenir à Poudlard. Il se doutait qu’elle n’en serait qu’au début du processus. Les échecs s’enchaîneraient probablement, raison pour laquelle il avait prévu un petit stock pour qu’elle ne manque de rien. Subtiliser les différents ingrédients nécessaires à la transformation s’était avéré être excessivement facile : entre la boutique de son père et le bureau que ce dernier possédait au manoir familial, Rory n’avait eu qu’à y faire son petit shopping sans se faire prendre. Un jeu d’enfant ! Bien qu’agacé par son dernier contact avec un élève du château, il était plutôt fier de lui et de tout ce qu’il lui apportait. Bien évidemment il n’allait pas pour autant pavaner devant la jeune Poufsouffle pour autant. Non, à la place il préférait faire comme si de rien n’était. Brisant la glace par une remarque qui témoignait parfaitement l’état d’esprit dans lequel il était ces derniers temps, la réponse qu’osa lui faire Abi le surpris au premier abord. Ses prunelles accusatrices vinrent rencontrer celles de la Poufsouffle et il haussa un sourcil, l’air froid, presque méchant. « Passer outre ? T’es sérieuse là ?! Pourquoi je passerais outre ?! Faut bien qu’ils apprennent à s’écraser face aux années supérieures ! Puis de toute manière ils vont très vite entendre tout un tas de rumeurs sur moi, autant être désagréable avec eux tout de suite ! » Sur ces paroles il s’installa face à elle, vidant le contenu du sac qu’il lui avait préparé. Un bon moyen d’éluder le sujet de son attitude et passer à quelque chose qu’il maîtrisait. L’admiration témoignée par Abi lui extirpa un très maigre sourire en coin, amusé de la voir enthousiaste pour si peu. « Avec la boutique de mon père c’est relativement simple de tout trouver… » Peut-être le seul avantage d’être le fils d’Henry Barjow ?! Du moins quand on s’intéresse de près à tout ce qui touche aux potions, enchantements et artefacts. Sans la boutique de son père, une chose est sûre : il n’aurait jamais eu accès à autant d’informations, objets louches et interdits ou même livres rares. Ça compense un peu les tortures… Tout en parcourant du regard les différentes fioles, il finit par lui demander après qu’elle lui ait donné plus d’informations sur où elle en était dans le processus. « Tu t’en sors pour manger du coup ? Moi je la collais sur l’intérieur de ma joue en la calant avec de la mie de pain. » Il sortit le petit pain qu’il gardait dans sa poche et le lui tendit. « Tu veux essayer ?! Ça marche super bien et tu pourras plus facilement manger sans risquer de l’avaler ou de l’endommager. » Une technique qu’il avait mis plus de quatre mois à perfectionner avant de trouver l’endroit idéal ainsi que la bonne quantité de mie de pain pour maintenir la feuille en place. Rory savait parfaitement de quoi il parlait.

« Pour la rosée celle-ci sera bonne pendant au mois un mois et demi donc tu pourras l’utiliser quand tu retireras la feuille. Si le processus ne marche pas je sais où en trouver de la nouvelle également. Je pourrais y aller avec ma forme renard comme ça tu as moins de chances de te faire attraper en allant la récolter… » Après tout, il avait tellement l’habitude de faire le mur pour des balades nocturnes comme matinales que d’aller en quête d’ingrédients n’allait pas changer grand chose dans ses plans. Au contraire même, cela revêtait un aspect grisant que de quitter le château pour dénicher des extraits de plantes auxquelles il n’avait pas accès en temps normal. Il n’aurait qu’à les stocker sous son lit en attendant les prochaines vacances pour faire ses propres expérimentations. Oui, parfait putain ! Pourquoi j’y ai pas pensé avant ?! Déterminé à se lancer dans cette aventure, que cela aide ou non Abi, ses prunelles sombres et dures vinrent accrocher celles de la jeune femme en devenir qui détourna automatiquement le regard, comme intimidé. Ce qu’elle osa dire lui fit froncer les sourcils, se renfermant un peu plus sur lui-même. Rory était un jeune garçon relativement discret quand il s’agissait de sa vie personnelle. Oh bien sûr, tout le monde était au courant dans le château de la tragique histoire familiale. Caïn mort assassiné par un moldu, sa jeune soeur sévèrement « malade » au point qu’elle ne pouvait pas quitter le manoir Barjow et plus récemment le suicide de sa mère. Autant d’évènements qui l’avaient poussé à se renfermer toujours un peu plus sur lui-même. C’était sa réponse à toute la souffrance qu’il avait enduré depuis sa plus tendre enfance : la violence aussi bien verbale que physique. Seul exutoire qui faisait taire les plus curieux. « Tu parles du fait que ma mère se soit suicidée le lendemain de mon anniversaire ?! C’est ça ?! C’était y a cinq mois Abigail, ça va ! J’suis plus un gamin. » grogna-t-il en levant les yeux au ciel, clairement agacé par le fait qu’elle puisse le penser faible au point qu’il ait envie de se confier. Si Rory avait toujours tout enfoui, gardant pour lui jusqu’aux nombreuses tortures que son père et Caïn lui avaient fait subir, pourquoi s’épancherait-il sur le suicide de sa mère. Cette dernière avait toujours été un grand soutien pour le jeune Serpentard mais il la savait aussi relativement instable, en proie à des dépressions inquiétantes. Ce n’était plus qu’une question de temps… « C’est pas parce que j’ai tabassé cet abruti de MacGuillan avant les BUSES en mai dernier que ça veut dire que je suis préoccupé. » dit-il en insistant sur le «  préoccupé ». Non vraiment il n’avait pas besoin de parler de ce genre de choses. Et puis, qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire ?! Elle dont la vie devait être bien trop simple pour ne serait-ce que concevoir l’horreur qu’il vivait.
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Sam 30 Oct - 9:46

09 septembre 2002

J’arrondissais grands yeux ronds au regard menaçant du Serpentard. En connaissance de cause, je n’étais pas étonnée qu’il soit si bouillant de l’intérieur, il était comme ça, avec cette colère qui le rongeait petit à petit, et pourtant, moi, la petite Pousfouffle, je venais me frotter à lui avec la crainte de la gazelle qui va demander comment se déroule sa journée au lion affamé. J’avais déjà entendu des murmures me qualifiant de suicidaire, mais c’était faux, je ne l’étais absolument pas. Imprudente peut-être, mais ça, je l’expliquais par le simple fait que je n’avais que treize ans (bientôt quatorze) et donc que je manquais encore d’expérience. Tout le moins, ça n’empêchait pas mon père de me prendre avec lui lorsqu’il allait en excursion pour voir les Noirs des Hébrides dont nous avions la charge. Enfin, sans doute étais-je encore un peu jeune pour être parfaitement familière avec l’adrénaline.
Ainsi donc, je n’étais ni suicidaire, n’étais imprudente qu’à cause de mon âge et je n’étais pas sous les effets de l’adrénaline. Alors qu’est-ce qui pouvait me pousser à aller sans cesse ainsi vers le danger que ce soit avec les créatures, ou les gens meurtris comme Rory ?
J’en avais déjà conscience en réalité : c’était la fragilité que je ressentais en eux.
Grâce au ciel je n’étais pas une personne née avec le don d’empathie, néanmoins, je savais que ce trait de caractère était plus exacerbé chez moi que chez la plupart des gens. Je ne m’en ventait pas, loin de là, c’était un fardeau à porter au quotidien. Mais si Barjow pouvait être qualifié de monstre, alors qui d’autre pouvait mieux lui venir en aide qu’une minuscule sorcière qui slalome entre les grands sauriens depuis sa naissance, comme moi ?
Une bête colérique et violente est principalement blessée, d’une manière ou d’une autre, car c’est l’instinct de survie qui prend le dessus, pour la défense. On peut tromper mille fois mille personnes, non, on peut tromper une fois mille personnes, mais on ne peut pas tromper mille fois mille personnes. Non, on peut tromper une fois mille personne mais on peut pas tromper mille fois une personne. Non...
Oh, je n’étais pas psychomage, loin de là, et je n’aspirais pas à le devenir, je ne le répéterais jamais assez : je n’aime pas les gens. D’ailleurs, pouvais-je attester que j’appréciais Rory ? Présentement, non. Il m’aidait et je lui en étais reconnaissante, néanmoins, je n’appréciais guère être considérée comme un souffre-douleur, ce que la plupart des étudiants de Poudlard aimaient à penser. Quand bien même il s’était déjà interposé entre moi et un étudiant véreux, ça ne lui donnait pas le droit de faire la même chose et de me hurler dessus.
Prenant sur moi, surtout lorsqu’il se qualifia « d’année supérieure », car cela sous-entendait que j’étais inférieure à lui, donc moins importante, moins légitime, je me permis un commentaire rhétorique.

- Écoute... Je n'aime pas faire la morale, mais je vais te donner un conseil qui te servira à jamais. Dans la vie tu rencontreras beaucoup de cons.

Non pas que je souhaitais lui donner une leçon de morale, je n’étais personne pour le faire. Cela dit, des cons, j’en croisais depuis ma naissance. Les trafiquants de matière première que « nos » dragons fournissaient étaient en tête de liste. Il y avait ensuite les « collègues » de mon père, qui critiquaient ses méthodes. Puis, il y avait les autres adultes, ces parents, dont leurs enfants m’avaient côtoyé, et qui me côtoyaient aujourd’hui à Poudlard, et qui se permettaient de ne pas simplement leur transmettre leur patrimoine génétique, mais aussi leur mesquinerie. J’étais raillée, moquée, parfois humiliée, simplement parce que j’étais à part, parce que je n’allais pas vers les autres, parce que je parlais des fois en bégayant, parce que je baissais toujours les yeux quand je m’adressais à quelqu’un, parce que j’étais une ombre.
Avec deux ans de plus que moi, je ne doutais pas que Barjow en connaissait longs sur la question, mais je voulais surtout qu’il comprenne, présentement, qu’il n’était pas le seul à être la victime de rumeurs désagréables. Était-ce pour autant que je devenais violente avec eux ? Non. Mais ça, c’était un paramètre qui ne pouvait décemment pas entrer en ligne de compte : nous n’avions pas le même vécu, ni la même famille, et je savais la chance que j’avais d’être née parmi les miens.

Passant outre (tiens, on y revenait), j’écoutais les conseils du jeune garçon alors qu’il était question de manger. Gardant le regard fuyant, car il m’était difficile de base de soutenir des yeux bienveillants, alors les siens aujourd’hui c’était au-dessus de mes forces, je réfléchissais à sa proposition. J’étais persuadée que ma feuille de Mandragore était intacte, car je mangeais à ce point avec les dents à l’opposé que je sentais l’intérieur de ma joue sensiblement plus usée. Réussir à devenir animagus était un exploit en soi, mais recommencer une étape serait l’évidence d’un échec cuisant à mes yeux. Hors de question de repartir de zéro pour l’une des étapes, quitte à arrêter de manger pendant un mois pour cela et à mettre en péril mon année scolaire.

- Euhm… c’est difficile de manger oui… mais ça va, j’y arrive… enfin… je vais quand même essayer ton conseil, j’avais déjà essayé à la fin de l’été, mais j’étais pas convaincue du résultat… ça collait pas bien. Peut-être que je n’avais pas la bonne sorte de pain.

Je n’y entendais rien en boulangerie, en dehors du fait que j’appréciais manger des douceurs, alors, ça ne ma paraissait pas fou qu’une mie de pain puisse être plus collante qu’une autre.
Déglutissant calmement, j’écoutais sa réponse concernant la rosée du matin, et je ne pus m’empêcher d’avoir un sourire rapide alors qu’il voulait, de manière presque chevaleresque, « m’éviter d’être me faire attraper ». Nous y voilà.
Encore une fois, sous prétexte que j’étais petite, avec deux ans de moins que j’étais forcément une idiote incapable ? Ou peut-être encore que mon air de petite fille sage m’empêchait de contourner les règles ?
Prétendre cela était mal me connaître.
Croyait-il réellement que je craignais quelques remontrances de la sorte alors que j’étais une passionnée de créatures magiques, et que la plupart des phénomènes se passaient (étrangement) la nuit ou tôt le matin ? Non pas que je sois une experte en expédition nocturne, d’ailleurs, la plupart du temps, c’était Harper qui m’entrainait dans ses facéties. Cela dit, si une nécessité se présentait à moi, alors je savais que j’en étais capable, et l’animagie, c’était une nécessité de premier ordre.
Néanmoins, je ne dis rien de tout cela au garçon devant moi et me contenta de m’éclaircir la gorge.

-Oh euh c’est… c’est gentil, mais… ne va pas te faire punir pour moi je… s’il y a besoin, on ira ensemble. Il n’y a pas de raison que tu ailles au casse-pipe tout seul.

Peut-être avait-il d’autres intérêts à sortir en dehors du couvre-feu, peut-être n’étais-je qu’un prétexte, et si c’était le cas, qu’importe. Si, en partie, Rory prenait un risque pour moi, alors je serais avec lui, point final.

Ce fut cette fidélité qui me donna le courage de prononcer ce qui, apparemment, fut pris comme un blasphème. Le regard que je vis du coin de l’œil m’accabla tant qu’il me mit six pieds sous terre. Les paroles vociférées par Barjow eurent pour effet d’enfoncer ma tête dans mes épaules à l’instar d’une petite tortue qui voudrait se cacher aux yeux du monde. Était-ce si mal de proposer son aide à quelqu’un ?
Je savais d’expérience qu’une créature qui n’avait pas confiance et qui était blessée se battrait. Il fallait avant tout impérativement gagner sa confiance.
Oui, mais voilà, même s’il avait un comportement similaire, Rory était un être humain… et je n’avais jamais été à l’aise avec ma propre espèce, voilà pourquoi je désirais tant devenir animagus. Ce qu’il venait de faire là n’eut que pour effet de me recroqueviller sur moi-même au point que je pris légèrement du recul entre nous, jusqu’à ce que le tronc imposant de l’orne qui nous surplombait. Le visage tourné, je retrouvais mon sac, l’attrapais et y déposais nerveusement mon livre avant de hausser les épaules comme pour évacuer un stress profond.

- Magnifique démonstration de ce qui saute aux yeux… Rory, quand le doigt montre le ciel, l'imbécile regarde le doigt. Je n’ai pas mentionné ta mère, ni ce qui est arrivé avant les BUSE… et je te traite encore moins de gamin… juste que… aujourd’hui tu me parais plus colérique que les autres fois, alors je suis dit que… peut-être… il s’était encore passé quelque chose. Enfin, je ne suis sûrement pas à ma place, excuse-moi.

Réfrénant tant bien que mal les tremblements de mes mains tant j’étais mal à l’aise, j’attrapais la hanse de mon sac, partagée entre le fait de rester, d’apprendre avec un animagus confirmé, et peut-être de pouvoir soulagé ce garçon, ou partir, retrouver le confort des bras de Kyle qui saura me rassurer et me restructurer intérieurement, puisque Rory s’amusait à me lapider. Cette pensée me fit légèrement froncer les sourcils, et ce fut sans aucune animosité dans la voix, repliée sur moi-même comme si j’allais me relever, les yeux fixant obstinément un point à l’horizon, que j’osais reprendre la parole.

- Recevoir des méchancetés de la part des autres n’est pas une excuse pour devenir mauvais soi-même. Surtout que je sais que dans le fond, tu n’es pas mauvais, Barjow, tu m’as déjà défendu plusieurs fois contre des abrutis, et je t’en remercierai jamais assez, mais… mais ça ne te donne pas le droit de t’en prendre à moi en retour. Tu… Je… Je pris une seconde pour rassembler mes idées, fermer les paupières pour recentrer, puis reprendre. Juste… Ne perds pas ta lumière Rory… Sur ce, excuse-moi, je vais rentrer chez moi faire ma crise cardiaque

Je me relevais, hésitante à partir. Debout, la main posée sur le majestueux tronc d’arbre, j’osais à nouveau poser les yeux sur l’élève de Serpentard (non pas pour le regarder dans les yeux). Devais-je vraiment le laisser ainsi ? Étais-je vraiment ce genre d’égoïste à laisser les autres dans leur solitude ? Mon grand cœur me perdra un jour.
Grommelant, je me rasseyais, gardant la bandoulière de mon sac entre mes doigts. J’avais mes limites. Mais elles n’étaient largement pas encore atteintes, je le savais.



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Sam 30 Oct - 20:46
Some things should stay unspokenUn Serpentard en compagnie d’une Poufsouffle c’était déjà incongru. Alors Barjow qui traîne avec MacFusty ça tenait de l’absurde. Aux antipodes l’un de l’autre, pas même le meilleur bookmaker du pays aurait parié sur un « rapprochement » entre les deux jeunes gens. Il faut dire que Rory avait un sale caractère et ce n’était là qu’un doux euphémisme pour décrire à quel point il pouvait être imbuvable depuis quelques mois maintenant. En cause ? Les récents événements qui étaient venus alourdir son quotidien déjà peu enthousiasmant. Ceux qui avaient connu le jeune Barjow au début de sa scolarité ou même pendant son enfance avaient assistés, impuissants, à sa lente descente aux enfers. Une chute sans fin qui s’était muée en agressivité explosive. Peu de gens trouvaient grâce à ses yeux, tout l’exaspérait au plus au point et un rien pouvait déclencher des crises de colères devenues légendaires maintenant. Véritable boule de haine, une simple étincelle pouvait l’enflammer, ne demandant qu’à expulser toute cette rage qu’il gardait enfouie au plus profond de lui. Oh bien sûr l’administration de Poudlard avait conseillé à plusieurs reprises des séances de psychomagie au jeune garçon. Des recommandations systématiquement éconduites par son géniteur qui estimait que son second fils n’était pas une « lavette ». Selon lui, son statut de sang-pur le plaçait au-dessus de toutes ces conneries. Au passage, Rory écopait de quelques coups de ceinture dans le dos quand il rentrait au manoir familial pour ne pas savoir contenir sa « mauvaise humeur » en société… Le comble quand on y pense.

Ce qui avait poussé Rory à entrer en contact avec la jeune Poufsouffle ? Son complexe de Super-Man associé à son syndrome du sauveur. Non seulement le fils Barjow renfermait une impulsivité presque suicidaire et son égo l’empêchait de faire confiance à quoique ce soit mais en plus il ne supportait pas l’injustice. Il était ainsi naturellement le mieux placé pour venir en aide aux pauvres âmes qui subissaient les railleries de certains sang-pur. Qui mieux que lui pourrait les défendre face à ses abrutis dont il possédait tous les codes et connaissait les petits secrets embarrassants ?! Comme quoi, appartenir à ce monde pouvait avoir certains avantages quand il s’agit d’humiliations publiques. D’une certaine façon, il prenait sa revanche tout en déversant sa rage de la propre injustice qu’il vivait depuis ses trois ans. Tout le monde y gagnait au change. Sauf bien évidemment les sombres abrutis qu’il tabassait frénétiquement jusqu’à ce que l’on parvienne à l’éloigner de ses victimes. Oui, Rory Barjow était qualifié de fou, craint de beaucoup, principalement redouté de tous et fuit par un bon nombre d’élèves, même parmi sa propre maison et son propre sang si pur. Une situation qui ne lui déplaisait pas, bien au contraire, peu de monde trouvant grâce à ses yeux.

Pourquoi s’embarrasser d’une Poufsouffle dans ce cas là ? Etrangement, Abigail avait quelque chose qui l’intriguait. L’adolescente était un peu une marginale comme lui mais en plus elle avait cet aspect si fragile qui donnait instinctivement envie à Rory de la protéger. Allez savoir pourquoi, Abi lui rappelait Lili. Pas étonnant du coup… Toutefois, en cet instant précis, la colère qui coulait dans ses veines était tellement intense qu’il la vomissait sur quiconque croisait son chemin, la demoiselle compris. Bien que présent pour l’aider dans la tâche ardue que représentait l’apprentissage de l’animagie, il était incapable de se contrôler, véritable petit renard enragé. Déjà bien passablement échauffé par son contact avec le premier année dans les dortoirs des Serpentards, la remarque d’Abi ne passait pas. Encore moins ce qu’elle osa lui rétorquer alors qu’il venait à peine de se justifier. Non mais je rêve ! Elle ose en plus me faire la morale ?! Pour qui elle se prend ?! Comme si j’étais pas au courant, je connais que ça, des cons. A sa plus grande surprise, il ne rétorqua rien sur ce coup-ci. Prenait-il sur lui ?! Non ! Impossible voyons ! Dès que j’ai un truc à dire, je le dis. J’suis pas une mauviette qui s’écrase. Encore moins devant une meuf. Oui, Rory est con. Rory à seize ans et il est passablement en colère contre… Hé bien contre tout et tout le monde voyez-vous.
Heureusement, le contenu du sac et la mention du processus de transformation parvint un peu à lui changer les idées, revenant sur un sujet moins prompt à l’agacer. Pour le coup, Rory était bien placé pour lui donner des pistes et conseils divers. Lui-même était passé par tout cela. Avait essuyé de nombreux échecs, avait dû trouver des solutions pour ne pas baisser les bras et persévérer. Bien évidemment, ce qui avait marché pour lui, n’était pas garanti de marcher pour elle mais cela valait le coup d’essayer. Ce fut dans cette optique qu’il lui tendit le petit pain, évoquant la méthode qu’il utilisait lui-même. « C’est vrai que ça dépend de pas mal de facteurs… Il suffit que tu aies plus ou moins de salive pour que ça te convienne pas. Ce que je faisais c’était de bien humidifier la mie dans ma bouche pour en faire comme une pâte uniforme de quelques centimètres que je venais placer sur la feuille contre l’intérieur de ma joue. En général ça me tenait quelques repas avant de commencer à se détériorer. Tu me diras comment tu t’en sors, si ça se trouve ça va pas te convenir… » Il y avait une dimension nostalgique pour Rory de l’aider dans tout ce processus. Cela le ramenait inévitablement à une époque où sa mère était encore en vie. C’était elle qui l’avait accompagné pendant une grande partie de tout ce travail. Elle l’avait soutenu, conseillé, encouragé… Retrouver ces ingrédients, partir en quête de certains ou même évoquer les techniques pour rendre le tout plus efficace et moins contraignant le rendait nostalgique. Des souvenirs doucereux qui impactaient un peu plus son attitude.

Rory était prêt à tout pour s’évader, laisser derrière lui son identité, ses problèmes… Tout ce qui lui rappelait le monde dans lequel il évoluait. Pour cela, sa forme renarde ainsi que ses nombreuses escapades illégales représentaient une délivrance fantastique. Se faire éconduire par Abigail le surprit. Le jeune sorcier haussa donc un sourcil en la dévisageant avant de simplement lâcher. « Si tu veux… Dans tous les cas je serais quand même sorti donc avec ou sans toi pour aller récolter la rosée c’est pareil. » Rory était bien loin de craindre la menace d’une punition. Il suffisait de voir son dossier scolaire pour comprendre qu’il n’en était plus à ça prêt. Sans compter sur les nombreuses blessures dont il écopait dans la forêt interdite pour avoir flirté d’un peu trop prêt avec le danger. Non vraiment, être collé pour avoir récolté de la rosée c’était bien le cadet de ses soucis. D’un point de vue extérieur, il pouvait peut-être paraître altruiste sur cet aspect mais Rory préférait penser que ce n’était qu’une étrange et malencontreuse coïncidence. Quand Abi osa évoquer son « état », son sang ne fit qu’un tour. Comment osait-elle ?! Incapable de se maîtriser, il déversa une fois de plus la colère que cette simple suggestion avait attisée. La réaction d’Abi ne se fit pas attendre. Une de plus que j’effraie… Quelle surprise ! Elle peut pas comprendre de toute façon. Rory l’observa ainsi recroquevillée sur elle-même, dans une position de défense face au grand méchant loup qu’il devait très probablement représenter à ses yeux. Une symbolique qui lui allait comme un gant mais qui, pour son plus grand dam ne sembla pas l’arrêter. Fulminant un peu plus de rage, il l’écouta sans prononcer le moindre son, les poings serrés sur ses genoux. Oui, Rory était furieux qu’elle parvienne si bien à le cerner. Elle osait dire ce que d’autres taisaient de crainte de se prendre une droite. Ses mots contrastaient tellement avec son attitude et sa carrure de petite crevette qu’il en était désemparé. Partagé entre surprise et courroux. Alors qu’elle venait tout juste de finir sa première tirade, l’héritier Barjow voulu prendre la parole mais fut coupé par la Poufsouffle qui enchaîna les uppercuts verbaux. Dans le fond tu n’es pas mauvais. Tu m’as déjà défendu plusieurs fois. Ça ne te donne pas le droit de t’en prendre à moi en retour. Ne pers pas ta lumière.

Wow… Désemparé, Rory en restait sans voix. Son coeur et sa gorge s’étaient serrés, sa colère redescendait progressivement alors que ces quelques mots tournaient en boucle dans sa tête. Il y reconnaissait les paroles de sa mère. Elle qui avait toujours pansé ses plaies, séché ses larmes et apporté du réconfort quand son père et Caïn s’en prenaient injustement à lui. La tête baissée, il ne remarqua pas qu’Abi n’était pas partie. Le regard rivé sur l’herbe sous ses pieds, Rory fut incapable de réprimer une petite larme qui roula sur sa joue. L’écrasant d’un revers de manche rapide, il finit par redresser la tête pour constater avec effroi la présence d’Abi. Putain de merde… Impossible qu’elle n’ait pas vu ça ! Par automatisme, son visage se durcit à nouveau, fronçant les sourcils mais bien incapable de changer la lueur de tristesse qui était venue se loger dans ses prunelles sombres à présent humides. Il la fixa un instant sans rien dire, à la fois blessé et touché par ce qu’elle avait pu lui sortir. « Comment tu peux être sûre que je ne suis pas mauvais ?! Certes je t’ai déjà défendu mais ce n’est pas ça qui fait de moi quelqu’un de bien… » murmura-t-il, sensiblement moins irrité qu’il avait pu l’être quelques minutes auparavant. La pilule était encore dure à avaler. Jamais personne n’avait osé être aussi franc et honnête avec lui. Il venait de se faire remettre à sa place par une petite Poufsouffle qui faisait trois têtes de moins que lui… Un bref soupir quitta ses lèvres tandis qu’il secoua doucement la tête, reportant son attention sur le sol. « Ça fait longtemps que j’ai perdu ma lumière. En tant que fils Barjow et maintenant héritier de ma famille j’ai pas ce luxe là. » Pour être honnête, Rory ne voyait même pas à quoi Abigail pouvait faire référence. Quelle était donc cette fameuse lumière dont elle parlait et qu’il semblait si important de conserver ?! En avait-il jamais eu une ? La voyait-elle en lui ? Comment et pourquoi était-elle la seule à déceler cette lueur d’espoir quand tous les autres, lui compris, ne percevaient que noirceur ?
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Mar 2 Nov - 15:32

09 septembre 2002

Nous n’étions pas semblables, Rory et moi, nous étions même tout ce qui pouvait s’opposer. Cela dit, je n’étais pas certaine de pouvoir trouver quelqu’un de semblable à moi, ou tout le moins, je n’étais pas certaine de pouvoir m’entendre avec quelqu’un comme moi. Pour commencer, je n’avais pas la prétention de croire que j’étais quelqu’un d’intéressant ou qui se démarquait du reste de la société. Je savais évidemment que j’étais à part à cause de ma grande empathie, de mes sensibilités exacerbées et de cette timidité maladive, ce n’était pas pour autant que j’étais extraordinaire. Bien au contraire, je me trouvais souvent ridicule et inutile. Je n’avais pas beaucoup d’amis et je me complaisais dans ma solitude sans jamais me plaindre. J’étais ainsi faite. Même Harper ne me ressemblait pas, elle était, dans un sens, mon parfait opposé puisqu’elle était joyeuse, joviale, tête en l’air, irréfléchie et imprévisible. C’était d’ailleurs tout ce que je n’étais pas qui m’attirait chez elle et me fascinait.
Rory, lui, était différent dans le sens où il avait du mal en société à cause de ses différences et de sa manière d’y réagir, parce que la vie ne l’aidait pas. Il n’était pas timide, mais sa manière de s’exprimer était aussi blessante que ma maladresse lorsque je m’adressais à autrui. Il avait perdu un frère, et il avait une sœur qui était malade. Aujourd’hui, il était animagus, ce que j’aspirais à devenir depuis des années maintenant.
Mmmh… à bien y réfléchir, était-il donc finalement si différent de moi ? Je devais admettre que non, et tandis qu’il m’expliquait comment positionner convenablement la mie de pain dans ma bouche, je clignais des paupières pour revenir à moi tandis que j’avais eu quelques courtes secondes d’absence. Le petit pain qu’il avait apporté entre mes doigts, je baissais les yeux avant de le déchirer pour en extraire la mie. Avant de la poser dans ma poche, je m’assurais de la travailler entre mes doigts, d’abord pour en former une boule, puis je l’aplatissais et enfin l’enfournais rapidement, comme si j’avais honte de « manger » devant le jeune homme. Tant bien que mal, j’essayais de coller la mie de pain contre la feuille que j’avais déjà contre me joue, les yeux levés signifiant que j’essayais de me former une image mentale de ma propre bouche. C’était vraiment étrange comme situation, pourtant, j’avais demandé son aide au jeune Barjow et je me devais aujourd’hui d’en assumer les conséquences… et si ça ne fonctionnerait pas et bien ma fois tant pis, je me serai simplement ridiculisée une fois de plus, rien de dramatique quand on y pense, j’étais tout à fait habituée à être la risée de Poudlard.

- Mmh… faut déjà s’habituer à avoir une couche en plus de la feuille dans la bouche.

J’avais eu du mal à articuler pour prononcer cette phrase, ce qui me fit froncer les sourcils et battre des paupières. Purée ça n’allait vraiment pas être évident, mais fort heureusement pour moi, le ridicule ne tue pas. Je posais mes prunelles sombres sur lui tandis qu’il me rétorquait que de toute façon, avec ou sans moi il serait sorti. Là n’était pas la question. Je secouais légèrement la tête avant de m’appliquer à articuler à nouveau.

Je me doute bien que tu irais même s’il ne s’agissait pas de moi, mais puisque ça me concerne, je préfère qu’on se fasse prendre les deux plutôt que juste toi. On fait ça ensemble, c’est un travail d’équipe, tu m’aides, alors je n’ai pas à te laisser seul dans ces moments-là, c’est tout.
Fidèle petite sorcière que j’étais. Je ne le savais pas encore, mais la forme animagus que j’allais adopter était d’une évidence flagrante qui n’étonnera jamais mes proches. Pour autant, ce fut ce dévouement qui m’emmena sur une pente glissante, comme d’habitude.
Car maladivement timide, il était aisé de dire que j’avais un certain retard social et qu’il était donc difficile de me comprendre, ou tout le moins, il était compliqué pour moi de formuler correctement les phrases que j’avais en tête, tant elles étaient rassemblées par millier. Ainsi, bien que franche, je pouvais blesser autrui alors que ce n’était initialement pas mon intention, évidemment.
Oui, mais voilà, j’appréciais être sincère et dire ce que je pensais aux gens. Jamais sans agressivité, ni sans imposer mon point de vue, juste dans le but d’une communication sereine afin de mieux s’entendre et mieux se comprendre. Hélas, mes interlocuteurs avaient rarement la patience de me parler jusque-là et, vexés, ils s’en allaient souvent bien vite. Au jour d’aujourd’hui, il n’y avait qu’Harper qui avait assez de répondant pour me répondre avec franchise également. Nous nous disputions à longueur de journée, mais sans doute était-ce cette franchise instaurée entre nous qui faisait que notre amitié perdurait, et j’étais certaine que tant que n’avions pas de secret l’une pour l’autre, tout irait pour le mieux entre nous. Jamais rien ne nous séparera.

Ce fut avec ce même schéma que je m’étais adressée à Rory alors que, prostrée par son agressivité, j’hésitais à m’enfuir malgré l’aide qu’il m’apportait pour mon apprentissage d’animagus. Seulement, je m’en voulais pour diverses raisons de partir de la sorte. Il voulait m’aider, il le faisait, c’était donc très impoli de ma part de m’en aller comme ça, ensuite, je voyais bien que quelque chose n’allait pas, même si je ne le connaissais pas très bien. La larme que je vis s’échapper de son œil pour couler sur sa joue en fut la preuve et ce qui me décida à rester, finalement.
Alors que le jeune homme, horrifié de me voir encore présente, releva les yeux vers moi, je percevais sans mal son irritation couplée de cette profonde tristesse. Craignait-il vraiment que j’aille hurler sur tous les toits que Rory Barjow a pleuré devant moi ? Franchement, j’avais mieux à faire que ça, et je ne le jugeais pas pour avoir versé une larme. Ça ne le rendait pas plus ridicule à mes yeux, et ça ne le rendait pas plus fragile non plus. Moi, je pleurais pour tout et n’importe quoi, alors j’étais mal placée pour faire une quelconque remarque.
Le fait qu’il s’adressait à nouveau à moi, avec moins d’animosité dans la voix, m’incita à me rasseoir devant lui, croisant les jambes en tailleur. Le dos droit, je posais mes mains sur mes genoux, avisant le jeune homme sans pour autant le détailler de tout son long. Je savais à quel point un regard pouvait mettre mal à l’aise, ainsi, je n’insistais pas et détournais bien vite les yeux. Iris croisant la chrysalide, je l’attrapais du bout des doigts pour jouer nerveusement avec avant de répondre au jeune homme, la mie de pain ne me dérangeant déjà presque plus pour parler. J’avais une capacité d’adaptation folle, et ça aussi, c’était quelque chose que je cachais constamment.

- Bien sûr que c’est ça qui fait de toi quelqu’un de bien. Si tu ne ressentais plus l’injustice, cette… flamme qui brûle au fond de tes entrailles, cette envie de protéger autrui, alors là peut-être qu’il faudra faire quelque chose… mais tant que tu as ça, moi, je te verrais comme quelqu’un de bien. En plus, tu veux m’aider pour mon apprentissage de l’animagie, et je doute que tu y trouves un intérêt digne de ce nom, surtout avec moi. Je remuais un peu les épaules en baissant le menton. Au contraire, je pense même que tu es perdant de m’apprendre à moi, et pas à quelqu’un de plus… éveillé ? Passionnant ?

Je retroussais un peu le nez, mécontente de ne pas réussir à m’exprimer convenablement. Alors, pour rassembler mes esprits, et cette multitude de mots qui se bousculaient dans ma tête, je fermais un instant les paupières avant de reprendre.

- Je ne pense pas que ce soit vrai, mais peut-être que tu ne la vois plus, tout simplement ? Et tu sais… posséder sa propre lumière n’a rien à voir avec du luxe, ou de la chance ou quoi… enfin, je trouve. C’est juste que… c’est comme ça, et c’est tout. Ça peut s’amenuiser avec le temps, avec ce qu’on vit, mais ça se ravive aussi de la même manière… Je… je ne sais pas comment l’expliquer…

Sans doute étais-je trop sensible et sans doute aimais-je rêver toute éveillée. Peut-être qu’il n’y avait dans le fond que moi qui prétendais ce genre de choses et s’en devenait alors absurde ? Pour autant, ça avait tout son sens et c’était parfaitement logique avant que je ne m’entende le prononcer à voix haute. Hésitante, j’ouvrais la bouche puis la refermais, me donnant l’air d’un poisson hors de l’eau, avant de reprendre, toujours hésitante, comme si je craignais de nouvelles représailles.

- Si tu… doutes, je peux… éventuellement… enfin… si tu en as envie… te le rappeler… que tu as cette… lumière. La… préserver pour toi le temps que… que tu te sentes moins en colère.


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Dim 7 Nov - 21:00
Some things should stay unspokenFaut avoir un grain pour vouloir traîner avec un Barjow sans mauvais jeu de mots hein. Une litanie que se répétait sans cesse Rory. Une façon de justifier la solitude dans laquelle il s’enfermait volontairement. Ses relations sociales étaient réduites au strict minimum, triées méticuleusement sur le volet. Si vous aviez passé outre son agressivité verbale et physique légendaire vous faisiez déjà parti des rares élus, de ceux qui ne s’arrêtent pas aux apparences et s’accrochent assez pour piquer son intérêt. En revanche, une fois que Rory vous avait accepté, plus de marche arrière n’était possible. Un peu comme quand il vous avait en grippe il faut dire, difficile de lui faire changer d’avis. Toutefois, en y regardant de plus prêt, les rares qui pouvaient le qualifier d’amis avaient tous le même attrait pour la noirceur qu’il dégageait. Soit car ils s’y reconnaissaient, eux mêmes ayant vécu des traumatismes, étaient marginaux ou bien percevaient d’une façon ou d’une autre sa souffrance. Abigail dans le lot ?! Rory ne savait pas. La jeune Poufsouffle était un mystère pour lui. S’il l’avait rencontrée en l’extirpant des griffes de sang-purs au QI n’égalant pas celui d’une huître, elle était une des rares qui avait su piquer son intérêt sans rien faire de spécial. Etait-ce son aspect frêle, son côté marginal ou bien encore cette douceur qu’elle dégageait contrastant avec son impulsivité agressive ? A quoi bon chercher ?! Il avait simplement décidé qu’il la supportait suffisamment pour s’intéresser à elle alors quand il apprit qu’elle souhaitait devenir animagus, l’excuse était toute trouvée.

Si la tentative de transformation d’Abi ne faisait que commencer, Rory savait que le chemin serait relativement long pour en arriver à prendre sa forme animale. Un processus fastidieux pour lequel il était préférable d’être accompagné. Lui avait eu sa mère, il avait ainsi proposé naturellement son aide et ses conseils à la jeune demoiselle. Non seulement elle pourrait bénéficier de son expérience mais en plus il avait un accès privilégié à certains ingrédients clefs de la potion grâce à la boutique de son père. C’était donc chargé des petits pains qu’il avait lui-même utilisé pour garder la feuille collée contre sa joue que Rory l’avait rejoint dans le parc du château, lui expliquant à présent comment il s’y était pris à l’époque. Il l’observa faire avec sérieux, analysant presque la façon dont elle s’y prenait pour appliquer la petite boule de mie de pain contre l’intérieur de sa joue. Une tâche méticuleuse à la précision chirurgicale qu’il avait mis du temps à perfectionner. Evident donc qu’elle n’y parvienne pas du premier coup. A sa remarque, Rory se contenta d’un bref hochement de tête, concédant le fait que cela pouvait être plus que contraignant au début, surtout si elle était déjà habituée à avoir la simple feuille en bouche. « C’est vrai… » marmonna-t-il simplement, le regard perdu sur les fioles étalées à même la pelouse entre eux. L’aider dans cette longue et fastidieuse entreprise avait au moins un avantage pour Rory : il avait une bonne raison supplémentaire pour sortir et vagabonder en forêt. Non pas qu’il lui en fallait une pour faire le mur et partir sous sa forme animagus dans les bois interdits entourant Poudlard. C’était simplement pour se donner un peu plus bonne conscience disons… Ce fut donc dans cette dynamique et avec cette logique qu’il précisa que pour elle ou non, il comptait bien arpenter le sol sylvestre, partir en quête d’ingrédients pour une potion n’était qu’un prétexte de plus.

La discussion prit un tourment complètement inattendu, bien plus dur et agressif au début pour finalement basculer vers un apaisement forcé. Les mots à la fois si justes et troublants d’Abi le firent inévitablement réagir. Rory se sentait attaqué, rabaissé, humilié presque qu’elle puisse insinuer ainsi qu’il était faible, qu’il puait le mal-être à tel point que ne pas l’évoquer lui était devenu impossible. Pour le jeune Serpentard, bâtir sa carapace, se montrer fort, arrogant et sûr de lui était un défi constant, un effort de tous les instants. Au manoir familial comme à Poudlard, il n’avait jamais eu une seconde de répit. Depuis la mort de Caïn, tout avait empiré. Un oeil extérieur aurait pu parier que sa situation allait s’améliorer, il en avait été autrement. Maintenant tous les regards étaient braqués sur lui : Rory était le seul et unique héritier des Barjow. Il devait se montrer digne de ce patronyme, l’honorer, ne pas décevoir son père et prendre la relève de son aîné. Mission impossible quand les dés étaient pipés de base. Lui, le fils non désiré, la petite mauviette de la famille. Même Caïn avait tenté de faire honneur à son prénom en voulant assassiner son jeune frère alors que ce dernier n’avait que 5 ans. Caïn, presque meurtrier. A la place, Rory avait hérité d’une belle cicatrice au plexus solaire. Son abruti de frère était bien trop ignare pour savoir exactement où se situait le coeur. Une balafre bientôt suivie par de nouvelles. Tous ces souvenirs, toute cette rage mêlée à la douleur d’avoir perdu sa mère faisait beaucoup à porter pour les épaules de l’adolescent. Alors qu’il la pensait déjà partie, il fut incapable de réprimer cette petite larme avant de réaliser avec horreur qu’elle avait assisté à ce moment d’égarement. Comme pour un peu mieux se protéger, il rappliqua son masque de froideur mais prenant un ton moins courroucé.

Si on lui avait dit que la discussion déboucherait là dessus, Rory vous aurait à la fois ri au nez et se serait bien abstenu d’approcher la jeune Poufsouffle. Comme tout un chacun, il n’était pas un grand adepte des discussions à coeur ouvert, encore moins quand cela concernait des sujets aussi sensibles que sa famille ou encore sa souffrance personnelle. Abigail avait tout de même réussi à mettre le doigt sur un point incroyablement sensible. Ses mots ainsi que son attitude avaient quelque chose de bien plus doux et honnête. Elle semblait comme véritablement préoccupée de son bien-être. C’est louche… Pourquoi elle se préoccuperait de moi ? Être sur la défensive, voici la seule attitude et réponse naturelle qu’il était à même d’adopter quand on s’intéressait d’un peu trop prêt à lui. Qui pouvait bien s’intéresser à sa personne de façon aussi authentique, sans arrière pensée ?! Il l’écouta sans broncher, comme prostré. Le dos voûté, la tête basse, ses mèches brunes encerclaient son jeune visage alors qu’il inspectait nerveusement du regard les fioles à même le gazon. Un bref soupir souleva sa carcasse quand elle lui proposa de « préserver sa lumière pour lui ». Partagé entre curiosité et défiance, Rory finit par légèrement se redresser pour plonger son regard sombre dans le sien. Il resta un instant silencieux à la dévisager, tentant en vain de percevoir ses intentions. Que cachait-elle derrière ces apparences de jeune adolescente timide et marginale ?! « Pourquoi ? » Souffla-t-il simplement pour commencer. Analysant toujours ses réactions, il précisa alors en la voyant comme interdite face à cette question. « Pourquoi tu ferais ça pour moi ?! Qu’est-ce que tu as à y gagner de m’aider ? Comment tu pourrais « me rappeler ma lumière » ou même encore « la préserver » ? Comment tu t’y prendrais et surtout pourquoi le faire ?! » Rory attendait de vraies réponses à ses questions. Si Abigail ne comprenait pas comment lui pouvait avoir envie de lui venir en aide, il se retrouvait dans la même position. Pourquoi une jeune femme en devenir comme elle voudrait perdre son temps avec lui ? « Et puis… Tu remets en question la raison pour laquelle je décide de t’aider. Tu te proscris même toute seule en estimant n’être pas assez mais c’est toi qui te dévalorises toute seule. Je n’ai jamais porté aucun jugement de valeur sur toi. J’ai mes raisons pour t’aider. Que tu le crois ou non, même si tu te penses pas assez passionnante, éveillée, intéressante, intelligente ou je ne sais quelle autre connerie, j’ai décidé de te venir en aide et tu me feras pas changer d’avis. Ça n’a rien avoir avec une quelconque bonté d’âme. » Il marqua une brève pause, détournant le regard un instant comme pour mieux se préparer à aborder des sujets bien plus sensibles et douloureux pour lui. Son expression et son regard avaient beau être durs, ils contrastaient de son ton bien plus calme, murmurant presque les paroles qui sortaient de sa bouche. « Si j’étais vraiment quelqu’un de « bien », j’aurais été triste de la mort de mon frère, j’aurais pleuré la disparition de ma mère mais j’ai rien fait de tout ça ! J’ai pas versé une seule larme pour eux. Pas même pour elle… » ajouta-t-il la gorge nouée, le coeur lourd de ne pas avoir été capable d’assumer et surtout d’exprimer la douleur encore vive laissée par le suicide de sa mère. « Si je n’étais pas mauvais je ne serais pas craint dans tout Poudlard et je ressentirais pas non plus le besoin constant de me comporter comme le dernier des enculés. Au contraire, j’aime savoir qu’on me redoute et qu’on va me foutre la paix juste parce que j’agis comme un connard. » La réalité n’était pas facile à admettre, c’était bien plus simple de se faire passer pour le grand méchant loup plutôt que d’avouer se sentir seul et compenser par un mauvais comportement. Sa colère était telle qu’il ne savait plus comment la contenir, comment exprimer et extérioriser son sentiment d’injustice. La nature explosive et impulsive du jeune Barjow s’était forgée par la force des choses. Il avait un besoin maladif de se dépenser, de se défouler. Se confronter aux autres, mettre sa vie en danger, défier la moindre règle qu’on lui imposait étaient autant de façons de se sentir vivant et déverser ses frustrations sur le monde extérieur.
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Mar 9 Nov - 19:37

09 septembre 2002

Nous étions ici présents pour ma formation à l’animagie, nous avions mis en place différents rendez-vous pour m’apprendre tout ce que je devais savoir. Rory était passé par là, j’avais la chance inouïe de pouvoir profiter de son savoir, en plus d’être guidée par le professeur de métamorphose qui me guidait pour les points plus difficiles et surtout qui s’était occupé de l’administration auprès du Ministère. Je pensais que nous allions discuter des premières étapes à passer, de la manière à tenir la mie du pain dans ma bouche pour protéger ma feuille de Mandragore, de la meilleure manière de trouver une chrysalide valide ou encore de récupérer les gouttes d’eau nécessaire pour la potion.
Mais non. Mais non, parce que je m’appelle Abigail MacFusty et parce que je suis un aimant à problème depuis ma naissance. Malade et timide, des fois diagnostiquée comme autiste, j’étais une source d’angoisse pour mes très chers parents. Si passionnée par les créatures fantastiques, je m’approchais du danger presque inconsciemment. Ayant bien du mal en société, il m’était difficile de me faire des amis, je m’enfermais dans une prison de solitude et de silence, tout le moins, jusqu’au jour où Harper avait décidé de briser les barreaux de cette cage pour m’en faire sortir malgré moi. De petite taille, la tête souvent enfoncée dans mes épaules, discrète au point de réussir la plupart du temps à me rendre invisible, j’étais le souffre-douleur parfait des étudiants, ou même parfois des adultes, qui n’avaient aucune once d’empathie.
Alors vraiment, devais-je être étonnée de la tournure de la conversation ? Non, en réalité je ne l’étais pas, cela dit, j’étais ennuyée. J’étais désappointée de toujours mettre les pieds dans le plat comme je le faisais, moi, si maladroite lorsque je parlais. Pourtant, ça partait toujours de bonnes intentions, je voulais simplement aider quelqu’un que j’appréciais. Était-ce si mal ? Peut-être aurais-je dû ne rien dire et le laisser dans sa détresse ? Non, ça, ce n’était pas dans mon caractère. Bien que ma vie était simple et plutôt épargnée par les problèmes, cela ne m’empêchait pas de ressentir de la compassion pour quelqu’un qui, à l’évidence, souffrait. Tout le moins, j’avais la naïveté de croire comprendre qu’il souffrait puisque je le comparais à un animal blessé. Peut-être me fourvoyais-je, et dans le fond, je l’espérais, car je ne pouvais pas désirer le malheur de Rory, ni de personne d’ailleurs.
J’avais le don de me foutre dans la merde malgré moi, et c’était bien ce que je ressentais présentement, alors que je ne voulais pas paraître indiscrète. Je voulais juste aider.

Lorsque le jeune homme devant moi se redressa pour plonger son regard dans le mien, j’eus un léger mouvement de recul tout en enfonçant ma tête dans mes épaules (si c’était encore possible de le faire davantage), et je détournais bien vite le regard. Sentant les battements de mon cœur s’accélérer, j’essayais de concentrer mon attention sur une petite fleur non loin de nous, qui essayait vaillamment de faire face au froid d’automne qui commençait à s’installer lentement et sûrement. Ce petit bout élégant de végétation fut à cet instant précis, mon miroir. Dressée devant le froid qui me souffle contre, et comme elle, je ne m’offusquais pas de ce qui arrivait. J’acceptais les paroles de mon interlocuteur, et je réfléchissais à chacune de ses questions, mettant un point d’honneur à rester toujours honnête, car je détestais le mensonge. Je me doutais bien que Barjow attendait des réponses concrètes de ma part… hélas je craignais de le décevoir, pourtant, j’essayais de choisir au mieux mes mots et tentais de ne pas trop bégayer.

- Je… Je… Je n’ai rien à y gagner, je ne cherche pas à gagner quoique ce soit je… veux juste t’aider, en fait. Ça me parait… normal… je… je m’en voudrais de te laisser tout seul, sans… aide… mais si tu veux pas de mon soutien alors… je respecterais, c’est toi qui choisit… juste que… voilà… je propose, c’est tout. Gardant obstinément mon regard sombre tourné sur la petite fleur, je prenais un instant pour avaler ma salive et calmer ma nervosité avant de continuer. Je… ne sais pas comment je vais faire… mais pourquoi ben… parce que… parce que je m’en voudrais toute ma vie de… te voir sombrer et… de ne rien essayer pour t’aider… je… je ne suis pas comme ça…

Loyale petite sorcière que j’étais. Ce n’était pas pour rien que j’avais été envoyée dans la maison faite de jaune et de noir. J’étais pleine de gentillesse désintéressée, de tolérance et de sincérité. Aussi, j’étais faite d’improvisation, une chose essentielle pour devenir magizoologiste ou encore dragonologiste comme j’en rêvais. J’ignorais comment j’allais m’y prendre pour préserver la bonté restante et la lumière de Rory, mais je voulais essayer.
Alors, avec simplicité, j’attrapais ma baguette et, la faisant tournoyer devant la fleur, un filet argenté s’en échappa à son extrémité. Une espèce de poussière fine qui entoura le végétal, avant de se redresser et de prendre la forme d’un petit papillon. Ce dernier se posa sur la fleur, ses ailes argentées battant lentement. Il dégageait quelque chose de simple, d’apaisant, c’était de la magie presque absurde, mais c’était de la belle magie, à qui savait le voir.
D’une oreille distraite, j’écoutais le sorcier de la maison verte qui se tenait devant moi, affaissant un peu mes épaules devant la véracité crue de ses paroles.

- Excuses-moi Rory, je te promets que je ne remets pas en doute tes motivations pour m’aider, ni même le jugement que tu portes à mon encontre. Tu as raison, c’est juste comme ça que je me vois moi juste parce que je… je ne veux pas te faire perdre ton temps, en fait. Mais sii tu… si tu ne le fais pas par bonté d’âme, peut-être, juste, laisse-moi croire que c’est quand même le cas.

Je venais là de m’ouvrir presque stupidement à lui, lui prouvant qu’en fait, il pouvait se servir de moi comme cobaye, et que je me laisserai faire. Je ne connaissais pas les véritables intentions qui le poussaient à m’aider pour ma formation, et dans le fond maintenant, je n’étais pas certaine de vouloir savoir. Sans doute m’utilisait-il d’une manière ou d’une autre pour assouvir un quelconque désir que je ne comprenais pas, et que je ne voulais pas comprendre. Dans mon monde idéal fait de pâquerettes et de Boursoufs, je préférais naïvement me persuader qu’il m’aidait par gentillesse, aussi parce que, malgré ce qu’il disait, j’étais persuadée qu’il résidait encore en lui une part de cette serviabilité.
Osant le regarder du coin de l’œil, je remarquais que les traits de son visage restaient durs ce qui contrastait avec le ton de sa voix qui s’était étrangement radoucie. J’écoutais son discours, cette fois avec une attention particulière, les lèvres pincées, car je me retenais de ne pas l’interrompre. L’entendre se flageller de la sorte m’attristait énormément. C’était lourd, c’était difficile, c’était tranchant, c’était blessant. Je n’osais imaginer ce qu’il vivait exactement, ce qui le tourmentait à ce point, et sans doute ne pouvais-je pas le mesurer dans son entièreté.
Les sourcils légèrement froncés à cause de ma réflexion, je répondais d’une voix un peu hésitante tandis que le papillon argenté prit son envol pour tournoyer autour de nous, laissant derrière lui une légère trainée de poussière gris brillant.

- Je… crois que… Enfin, si je peux me permettre de donner mon avis… je pense que… chacun gère le deuil comme il le peut, et ça ne passe pas forcément par les larmes. Au décès de ta mère, je t'ai vu t'assombrir, tu es devenu plus virulent, tu as tabassé un autre élève devant tout le monde dans la Grande Salle… Je… je ne trouve pas ça anodin, en fait… Faut… faut pas t’en vouloir de ne pas avoir pleuré… tu… tu sais comment… comment gérer tes émotions ?

En vérité, je n’avais jusque-là jamais été confronté au deuil d’un très proche parent. D’un cousin éloigné ou d’une arrière-grand-mère quand j’étais plus jeune oui, mais pas de l’un de mes parents ni de mon frère, bien que je savais ce que c’était que d’être inquiet pour l’autre. Voir mon père partir combattre pour l’Ordre contre Voldemort quand j’étais gamine m’avait profondément marqué, surtout de le voir revenir blessé. Alors je n’osais imaginer le traumatisme pour un décès. Que les esprits m’épargnent cette terrible épreuve de la vie…
Poussant un petit soupir, je me permettais à nouveau de répondre, un peu hésitante, à l’adresse du Serpentard devant moi, le regard obstinément tourné sur le papillon, jamais sur Rory.

- Tu sais… en dragonologie, sur mon archipel, j’ai appris un truc bien vite à force d’accompagner les membres de ma famille en excursions… c’est que si le dragon est colérique et violent, c’est qu’il a une bonne raison. C’est pas juste qu’il est méchant. Beaucoup de sorciers se trompent en disant simplement que, genre, le Magyar à Pointes est juste violent. Je pense surtout que… qu’il n’est pas compris. Après bon… je… sais que les humains sont différents des créatures fantastiques, ne… prend pas mal la comparaison s’il te plait tu… tu sais à quel point j’aime les animaux… Je… n’ai juste pas beaucoup de marge de comparaison en dehors de ça. Je m’enfonçais dans mes explications qui devaient être parfaitement confuses et surtout inutiles. Sentant ma bouche devenir pâteuse, je me mordais la langue et avalais nerveusement ma salive avant de reprendre. Ce que je veux dire c’est que… je… n’arrive pas à me persuader que tu es juste purement et simplement mauvais, ou méchant, ou un connard. Tu… tu vois il y a des sorciers qui sont comme ça, sombres, qui trainent des ombres derrière eux, comme on nous décrit Voldemort par exemple. Je… je n’arrive pas à me persuader que tu es comme ça… je… me dis juste que… peut-être… t’es pas bien et du coup tu sais pas comment faire autrement. Enfin, je sais pas... Je reculais d’une fesse, histoire de mettre de la distance entre nous et éviter potentiellement de m’en prendre une, avant de continuer. Je te dis pas que tu dois changer hein… je… souhaite juste t’aider… mais je… sais pas comment… Pardon...

Je baissais les yeux, cachant alors mon visage derrière ma chevelure brune, craignant de me prendre un coup, ou un sortilège. Alors je restais prostrée là devant le jeune homme, attendant que l’épée de Damoclès s’abatte sur le sommet de mon crâne. Le petit papillon de lumière passa devant moi, éclairant les reflets foncés de mes cheveux.



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Ven 26 Nov - 18:22
Some things should stay unspokenRory Barjow ne brillait clairement pas pour son altruisme, au contraire même. Réputé pour être d’un égoïsme à toute épreuve, cherchant constamment ce qu’une situation voire même une personne pourrait lui apporter, il n’avait jamais aidé qui que ce soit par simple bonté de coeur. Il y avait toujours ce petit truc, ce petit plus qui le poussait à agir. Défendre un sang-mêlé ou né moldu satisfaisait ses pulsions violentes et lui donnait une bonne excuse pour tabasser des abrutis de sang-pur lui rappelant son frère aîné. Venir en aide à l’un de ses amis en mauvaise posture dans la forêt interdite lui procurait ce boost supplémentaire d’adrénaline en mettant sa vie un peu plus en danger. Lâcher deux trois connaissances en potions ou herboristerie à un élève d’année inférieure lui assurait d’avoir l’ascendant sur lui par la suite. Accompagner Abigail dans sa transformation animagus ? Qu’avait-il à en tirer ? Elle ne lui semblait pas à être du style aventurière, ne s’illustrait pas à sa connaissance dans un domaine particulier si ce n’est les soins aux créatures magiques et il n’avait rien à lui soutirer de particulier. Peut-être un accès privilégié à des ingrédients pour ses potions issus de dragons ? Ouai… Et encore ! Pourtant, malgré l’absence d’une raison évidente à sa présence dans le parc, il était bien là, prêt à la conseiller, lui transmettre ses conseils et son savoir en la matière. Cela faisait-il de lui quelqu’un de bien ? Non voyons, ça se saurait si t’étais un mec bien ! Il n’y aurait pas autant de gens qui te haïssent si tu étais bon dans le fond… Te voile pas la face. T’es un Barjow après tout.

En dépit de tout ce qu’il pouvait penser Rory était pourtant là, le cul posé dans l’herbe à lui présenter le matériel dont elle aurait besoin pour son processus de transformation. Sans savoir pourquoi il tenait à tout prix à lui venir en aide, le jeune héritier finit rapidement par s’en mordre les doigts quand la discussion prit un virage à 180°. Comment en étaient-ils arrivés à parler de ses sentiments ? De sa colère ? De son mal-être général qui, bien qu’évident, restait pour autant gardé sous silence ? Sujet tabou, interdit même. Si par réflexe il avait commencé par tout nier en bloc, l’insistance mais surtout la véracité et la bonté des propos tenus par la petite Poufsouffle lui avait coupé la chique. Complètement interdit, sa volonté de lui venir en aide, d’apaiser sa rage se heurtait à son incompréhension. Pourquoi une jeune femme en devenir sans histoire, à la timidité maladive souhaitait « préserver sa lumière », le soutenir ? Une attitude littéralement suicidaire pour Rory. A croire qu’elle aimait jouer avec le feu. Peu confiant, habitué à ce que toute aide soit proposée dans un but bien précis, il chercha par conséquent à connaître les motivations d’Abigail. Ce qu’elle avait à y gagner de l’aider ainsi. Était-ce par vanité ? Pitié ? Inconscience ? Il avait besoin de savoir, besoin de réponses claires et honnêtes. Ainsi, lorsqu’elle entreprit de se justifier, ses explications laissèrent un goût amer à Rory. Juste t’aider. Bullshit ! Il ne la croyait pas, il ne lui faisait pas confiance. On ne peut pas être si gentil, si bon, si purement innocent pour vouloir aider quelqu’un sans rien attendre en retour. Ça n’existe que dans les contes de fées des conneries pareilles. Ses prunelles sombres rivées sur le doux visage de la petite MacFusty, il ne put s’empêcher d’y déceler le reflet de Lilibeth. Cette bonté de coeur, cette dévotion aveugle pouvant même être éprouvée envers les êtres les plus ignobles… Non non non ! Impossible. Un bref soupir lui échappa pour seule réponse, incapable de mettre de l’ordre dans ses pensées, il préféra revenir sur les propos tenus par l’animagus en devenir. Elle avait beau sembler distraite, Rory ne mâchait pas ses mots, l’observant avec une pointe d’agacement lancer un petit sort d’une magie qu’il jugeait « accessoire ». Une magie devant laquelle il refusait de s’attarder et encore moins de s’extasier, faisant remonter les souvenirs douloureux de moments de plénitude passés en compagnie de sa mère et Lili. Comme à chacune de ses réponses, le jeune Barjow était confronté à ses propres contradictions. Si Abi ne remettait pas en cause ses motivations pour l’aider ou bien la vision qu’il avait d’elle, qu’est-ce qui lui donnait le droit de douter à son tour des intentions de la Poufsouffle ?! Était-il trop méfiant et cynique ou bien au contraire faisait-elle preuve d’une naïveté aveuglante ? Désabusé, il souffla le regard dans le vague. « Je ne peux pas contrôler l’image que tu te fais de moi. Prêtes-moi les intentions que tu veux si ça te rassure. » Après tout, Rory était habitué à ce qu’on lui colle des étiquettes. Son patronyme. Les rumeurs sulfureuses autour des idéaux de son paternel. Son attitude. Les circonstances du décès de Caïn. La maladie de Lilibeth. Il croulait sous les jugements hâtifs, les aprioris et non-dits à tel point que lui-même commençait à s’y associer, perdant de vue qui il était vraiment.

La gorge nouée par le poids des aveux, Rory évoqua pour la première fois ses remords de ne pas avoir versé de larmes à la mort de sa mère. S’il fit mention de Caïn ce fut simplement par « bonne conscience » pour ne pas trop en dire ou faire comprendre toute la haine et le dégoût qu’il éprouvait toujours pour son aîné. L’image de Lili effondrée lors des funérailles le hantait encore. Comment pouvait-elle pleurer la disparition de l’un de ses bourreaux ? Lui qui avait voulu la tuer quand elle n’avait pas montré de signe de magie. Rory s’était à la fois senti coupable et dénigré. Il s’était sacrifié plus d’une fois pour elle, avait manqué de mourir sous les coups pour la protéger de leur frère et comment le remerciait-elle ?! Si il venait à son tour à décéder, aurait-elle autant de chagrin que pour Caïn…? Rory n’en était plus si sûr. Ses iris furent comme happées par le faisceau lumineux du papillon magique qui passa devant lui, reportant bien vite son attention sur Abi. Bien qu’il avait lui-même évoqué le sujet, il n’était pas prêt à entendre ce qu’elle pouvait bien lui dire. Par réflexe, ses sourcils se froncèrent et ses poings se refermèrent, refusant d’admettre qu’il avait pu changer. Machinalement, il commença à secouer la tête avant qu’un bref ricanement ne s’extirpe d’entre ses lèvres. Gérer ses émotions ?! La bonne blague putain ! Tout en levant les yeux au ciel, Rory lâcha avec cynisme. « Je suis un expert en la matière voyons ! Tout était calculé l’été dernier. J’ai jamais pu blairer MacGuillan c’est pour ça que je lui ai explosé la gueule. Qu’il parle de ma mère était juste la parfaite excuse. » Il s’interrompît l’espace de quelques secondes avant de reprendre avec plus de sérieux. « Gérer ses émotions… Je n’ai pas d’autre émotion que la colère et je la contrôle plutôt bien puisque je me prive pas de l’exprimer quand ça a besoin de sortir. » Oui, papa Barjow avait relativement bien fait son boulot sur ce coup. Convaincre son propre fils que toute émotion positive n’était pas acceptable, était réservée aux faibles d’esprits ou aux femmes. Un bien bel enseignement lol. Pas étonnant que Rory s’interdise de faire confiance aux autres, d’éprouver quoi que ce soit d’autre que de la rage qu’il nourrissait en s’aliénant tout seul comme un grand.

Une fois de plus, les paroles prononcées par Abi le laissèrent songeur. Son regard se perdit dans les brins d’herbe poussant de façon erratique sous leurs pieds, plongé dans ses pensées. Bien loin de s’offusquer de la comparaison qu’elle pouvait faire avec un dragon, il en était presque flatté. L’animagus qu’il était ne pouvait qu’admettre la logique de son raisonnement. Sa forme goupil était associée à un animal nuisible, cruel et pourtant d’une utilité indéniable à l’Homme, doté d’une incroyable intelligence. Dans le fond, le renard n’était pas mauvais, simplement incompris comme le Magyar à Pointes. Une réflexion qu’il ne put s’empêcher de lui partager. « Comment je pourrais prendre mal une telle comparaison alors même que je suis animagus ? Et puis… Au final, tu as un peu raison. Si je prends mon animal, le renard, c’est un autre exemple criant des préjugés qu’on peut avoir… Il est qualifié de nuisible alors que sans lui l’équilibre de l’écosystème serait bouleversé. Cela dit, je ne vois pas trop où tu veux en venir… » souffla-t-il en relevant les yeux vers elle, curieux de découvrir ce qui se cachait derrière une telle comparaison. Quand elle lui apporta plus d’éléments étayant sa réflexion, ses sourcils se froncèrent un peu plus, perplexe. Pourquoi ? Pourquoi s’obstinait-elle ainsi à le penser différent ? Qu’avait-il de plus ? La colère qui ne le quittait jamais se mêlait à présent avec une autre émotion bien plus intense et profonde que Rory ne parvenait pas à identifier. Elle semblait l’affaiblir, l’impacter plus que de raison. C’est quoi ce bordel putain ?! A quel jeu elle joue ? Pourquoi elle me sort des conneries pareilles. D’un geste nerveux, Rory glissa sa main droite dans ses longues mèches brunes, cherchant désespérément un moyen de remettre de l’ordre dans ses pensées. Abi avait le don de le déstabiliser et par conséquent de l’agacer. Elle bouleversait ses raisonnements, ébranlait ses croyances et les histoires qu’il aimait se raconter. « Arrête de t’excuser, ça devient chiant à force. » grommelât-t-il par réflexe, une façon détournée d’extérioriser sa colère. « Si j’ai les qualités du renard, j’ai aussi son agressivité, sa cruauté et sa solitude. C’est comme ça qu’on m’a éduqué, qu’on m’a forgé. Ils m’ont d’abord brisé avant de pouvoir me modeler à leur image. Certes, il y a des aspects de ma personnalité qui ne rentrent pas dans le moule du parfait héritier sang-pur qu’importe à quel point mon père essaye de me les faire rentrer dans le crâne. Pourtant tu peux me croire qu’il a tout tenté avec les années… Il n’en reste pas moins vrai qu’ils ont fait de moi qui je suis aujourd’hui. Alors si tu veux continuer de croire que j’ai un bon fond, une lumière ou peut importe comment tu veux l’appeler, libre à toi. » Rory s’auto-persuadait qu’elle avait tort, qu’il était simplement purement méchant et qu’il n’y avait rien à « sauver » chez lui. Plus simple et plus confortable que d’admettre qu’il avait un problème… Il reprit après quelques secondes de pause. « Encore une fois, je ne peux pas contrôler l’image et les croyances que tu as à mon égard. J’suis curieux de voir comment tu vas t’y prendre pour m’aider par contre… » Une distraction comme une autre alors qu’il avait de sérieux doutes sur sa supposée bonté. S’il avait existé une once de douceur en lui, son père et Caïn s’étaient assurés depuis belle lurette de l’étouffer à grands coups de poings. Bonne chance petite Abi.
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Lun 29 Nov - 18:04

09 septembre 2002

C’était difficile. Particulièrement difficile et éprouvant pour la sorcière sensible que j’étais, d’autant plus que la situation avait tourné, et ce, bien malgré moi. Sans doute allais-je devoir apprendre à me mêler de mes histoires et de me préoccuper de mon propre cul, ce serait sans doute mieux pour tout le monde, mais comment pouvais-je rester l’esprit tranquille en sachant pertinemment que, semaine après semaine, mois après mois, je voyais le jeune garçon que je côtoyais légèrement, sombrer, happer par des ombres qui ne cessaient de croître autour de lui.
Alors oui, certes, j’étais naïve, j’avais un monde bien à moi, fait d’idéaux et de douceurs, et je me tenais loin des terreurs que la vie pouvait me réserver. Je ne m’en portais pas plus mal, moi qui étais épuisée après une simple altercation entre deux personnes que je ne connaissais pas. Alors quand c’était moi la personne visée ?
Ce qui devait être un rendez-vous simple et riche en échange, passionnant de magie, car concernant l’animagie, se mua en quelque chose de terrible aussi bien pour mon interlocuteur que pour moi. J’avais la sensation de le malmener avec mes mots maladroits alors que je souhaitais que lui apporter mon aide. Quant à lui, il me lacérait un peu plus la peau à chaque fois qu’il me jetait l’un de ces coups d’œil assassin. Très certainement que cette nuit, j’allais avoir du mal à m’endormir tant son regard m’effrayait.
Pourtant… pourtant… avais-je une peur viscérale pour moi ? Avais-je pour autant envie de songer que Barjow était un mauvais sorcier et qu’il me fallait le juger ? Avais-je envie de le fuir ?
Non. Rien de tout cela.
Alors, certes, je ne parvenais plus à soutenir son regard et sans doute faudra-t-il du temps pour qu’à nouveau je croise véritablement ses prunelles. Certes, présentement j’avais envie de me lever et de courir loin, mais je n’avais pas envie de m’éloigner de lui, juste de la situation, de l’atmosphère, qui s’était chargée de quelque chose d’électrique et qui me faisait froid à l’échine. J’avais envie de retrouver Harper et sa légèreté afin qu’elle puisse me changer les idées, j’avais envie de retrouver la chaleur rassurante des bras de Kyle pour pouvoir m’en nourrir et me recharger, à l’instar de l’une de ces batteries moldus.
Car oui, voilà qui j’étais en réalité, une petite sorcière inutile et accessoire, à l’instar de ce petit papillon de lumière que je venais de créer pour tenter d’amorcer un peu de douceur entre nous. Naïve que j’étais.

- Je n’ai pas besoin d’être rassurée.

Dis-je avec le courage et la candeur de mes intentions. Certes, il ne pouvait pas contrôler l’image que j’avais de lui, tout comme il avait une certaine image de moi (sans doute tout le moins). Il marquait un point sur ce détail, pourtant, la question n’était pas là de contrôler quoique ce soit, ce que le jeune Serpentard semblait avoir du mal à saisir. Ce lâcher-prise qu’on accorde aux autres, à ceux en qui on a confiance. Peut-être, dans le fond, était-ce de ça dont Rory avait besoin, une personne de confiance, et moi, je m’étais placée là, entre lui et ses maux, tentant de faire barrage de ma petite présence, de ma petite taille, de ma petite impertinence.
Je n’avais pas besoin d’être rassurée sur ce qu’il était ou sur ce qu’il faisait, parce que je le savais déjà, tout le moins, j’avais la naïveté de le croire. Il dégageait quelque chose qui n’émanait pas des autres élèves. Pas de l’innocence, pas de la bonté, non, mais quelque chose qui me montrait, jusqu’à preuve du contraire, qu’il n’était pas foncièrement mauvais. Je refusais d’y croire, et s’il fallait que j’y croie pour lui, alors j’acceptais ce fardeau volontiers, moi, la jeune adolescente aux traits d’enfants qui faisait face à des dragons alors que la plupart des autres élèves se pisseraient littéralement dessus.
Je me rendrais compte plus tard que mon apparente innocence et cette fragilité que dégageaient mon corps et mon esprit allaient être des armes redoutables.
Le cynisme et la colère qui se manifestaient dans les paroles de Rory me ruèrent de coups encore une fois, et, avalant nerveusement ma salive, me triturant nerveusement les mains, j’osais le corriger.

- Que tu ne te prives pas d’exprimer tout le temps. Je laissais planer une demi-seconde avant de reprendre. Ça te plait ? Au fond de toi… ça te plait de ne ressentir que de la colère ? T’es heureux comme ça ?

Je glissais un ongle sous un autre pour en retirer négligemment de la terre qui s’y était logée, comme si ce simple geste me permettait de garder le contrôle sur mes émotions et sur mon corps. Pourtant, je devais me rendre à l’évidence que je commençais à trembler tant j’étais émotionnellement sollicitée. Ça t’apprendra à mettre les pieds dans le plat, pauvre petite conne de sorcière accessoire.
Si Rory allait me répondre par la positive à mes questions, alors soit, je n’insisterais plus et changerais de sujet pour revenir à l’animagie. S’il était heureux en fracassant des têtes et en hurlant comme un putois sur tout le monde, alors que pouvais-je faire ? Cependant, les traits tirés de son visage, les muscles tendus de ses épaules et tout le reste de son langage corporel me permettaient d’en douter. Mais, je n’étais pas infaillible, simplement observatrice, et débutante dans mes talents d’examinatrice, aussi bien animal qu’humain.
Fugacement, j’osais relever les yeux sur le jeune sorcier devant moi, et cru voir que son regard se perdit dans l’herbe qui nous entourait, comme s’il s’était perdu dans ses pensées. Mes mots le percutaient donc quand même un peu alors qu’il me semblait qu’ils s’écrasaient sur ce bouclier qu’il avait érigé tout autour de lui pour être intouchable ?

Fort heureusement, ma comparaison animale ne l’offusqua pas. Au contraire, elle eut l’efficacité de me donner des éléments que Rory me donna sans même s’en rendre compte : l’image qu’il avait de lui et de sa forme animagus. Il reconnaissait que la plupart des gens pouvaient avoir des préjugés sur lui.
Un préjugé, par définition, était une croyance, une opinion préconçue souvent imposée par un milieu ou une époque. C’était un jugement sur quelqu’un ou quelque chose qui était formé à l’avance selon certains critères et qui oriente l’esprit.
Je n’avais aucun préjugé sur lui, et si Rory admettait qu’on puisse avoir des préjugés sur lui, c’était me donner, en infime partie, une petite victoire en me prouvant que j’avais raison d’insister sur ce qu’il était vraiment, à savoir, un être qui n’était pas uniquement formé de colère, mais qui cachait quelque chose de plus lourd, de plus douloureux, et qui ignorait comment agir autrement que par la violence.
Je ne me permettais cependant aucune remarque, me contentant de continuer à l’écouter attentivement tandis que le petit papillon lumineux se posa dans la paume de ma main. L’observant avec la fascination d’une artiste, je ne donnais absolument pas l’air de me préoccuper des mots du Barjow, pourtant, avoir le regard rivé sur autre chose que lui me permettait de mettre de l’ordre dans mes pensées.

- Pardon.

Dis-je tandis qu’il me demandait d’arrêter de m’excuser.
Le garçon me mit au défi, une erreur à faire alors qu’il venait de parler d’animal. Profondément, j’inspirais et refermais le poing sur le petit papillon pour le faire disparaître en une pluie de poussière lumineuse.

- Le renard est agressif et cruel uniquement lorsqu’il se sent menacé, que son territoire ou sa famille sont menacés. Il n’est cruel que pour apprendre, comme l’ont pourrait juger un chat cruel quand il rapporte à ses petits une proie vivante alors qu’en fait, il ne fait qu’apprendre à chasser. Enfin, le renard n’est pas toujours solitaire, il vit une partie de l’année en couple, le mâle soutient la femelle avec l’éducation des petits, et il arrive que des groupes se forment, mais ce dernier point, c’est un fait rare et qui dépend de son environnement. Le renard est un mammifère opportuniste, ce qui lui permet une adaptabilité rare dans le monde animal, et ce, dans des milieux très différents. Il est indépendant, et prouve qu’il repousse sans cesse les limites et refuse les idées préconçues. Il est vif, rusé et inventif. Il peut découvrir de nouveaux chemins inexplorés sans la moindre difficulté et il surprend son entourage en arrivant là où on ne l’attendait pas.

Je relevais des yeux timides sur Rory avant de bien vite les détourner.

- Et tu es fier de comment on t’as « forgé » ? Tu dis que tu as été fait à l’image de quelqu’un, mais je n’arrive pas à croire que c’est quelque chose qui te convienne. Est-ce que tu es heureux de ce que tu es devenu aujourd’hui ? Est-ce que ça te satisfait pleinement ? Est-ce que tu as véritablement envie de ressembler à ça ? Est-ce que c’est en accord avec toi et ce que tu désires ? Est-ce que ça te rend heureux ? Je secouais légèrement la tête. Forger un renard c’est… ce n’est pas dans la définition que je viens de donner, parce que c’est… c’est plein de préjugés. Je laissais planer un peu de silence avant de questionner une dernière fois. Es-tu véritablement le goupil que tu prétends être ?

Obstinément, je gardais le regard baissé sur mes doigts que je continuais à triturer nerveusement. Je n'étais pas à ma place, je le savais... ou alors, si, j'étais exactement là où je devais être, là où il fallait aider quelqu'un.


Never Ending Circles
ANAPHORE


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Revelio:

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Anonymous
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Mer 1 Déc - 18:17
Some things should stay unspokenDepuis sa plus tendre enfance, Rory avait toujours fait face. Aux attaques de son frère aîné, aux coups répétés de son père, aux brimades, aux agressions gratuites et à toute forme d’injustice qu’elles soient dirigées à son égard ou non. Il s’érigeait comme un véritable rempart, encaissant sans broncher les pulsions violentes de ses aînés et de leurs proches. Ne pas courber l’échine, ne pas ployer le genou, surtout pas face à eux. Un conseil de sa mère qu’il avait, pendant tout ce temps, suivi à la lettre. Il ne leur donnait rien qu’ils puissent exploiter. Les coups pleuvaient sur sa frêle carcasse de jeune homme en devenir, les sévices corporels et moraux s’enchaînaient mais Rory ne lâchait rien. Il se montrait fort, impassible, construisant silencieusement sa carapace toujours plus épaisse. Un lent, long et douloureux processus dans lequel il perdit toute forme d’innocence. Sa joie de vivre s’en était allée, remplacée par une rage toujours plus intense et profonde face à l’injustice qu’il vivait au quotidien. Il eut toutefois quelques années dorées. Un bref laps de temps durant lequel, même s’il continuait d’encaisser les attaques de Caïn et son père, la vie paraissait plus douce, l’air plus respirable. Lilibeth. Sweet Lili. L’arrivée de sa petite soeur avait été un oasis de fraîcheur dans sa longue traversée du désert. Une « pause » qui ne dura pas. La source d’eau pure finit par se tarir, bien vite remplacée par plus de violence, plus de peur qu’auparavant. De simples soupçons, quelques murmures et beaucoup de jalousie. Voilà ce qu’il avait suffis à Caïn pour mettre dans le crâne de son paternel l'idée que Lili était cracmol. Pour une fois qu’il avait fait preuve d’intelligence et de perspicacité… Le cauchemar prit une toute nouvelle dimension. Plus que jamais Rory endossa le rôle du protecteur. Punching ball humain pour Caïn et sa bande de dégénérés extrémistes. S’il ne pouvait éviter à Lili les sévices psychologiques malgré tout le soutien moral qu’il lui apportait, il encaissait volontiers les coups qui lui étaient destinés. Sa peau se marqua un peu plus. Coupures plus ou moins profondes laissées par les attaques sournoises de son aîné, hématomes divers avec leurs lots de côtes ou os fracturés, brûlures de cigarettes ou magiques, coups de ceinturons… L’inventivité des mâles Barjow ne connaissait plus de limites. Seule la capacité du corps de Rory à encaisser les maltraitances rythmait leurs déchainements de haine féroce. Un rythme effréné qui marqua le pas à la mort de l’aîné Barjow. Un soulagement de courte durée car à présent c’était à lui de reprendre le flambeau. C’était sur ses épaules que toutes les responsabilités retombaient. Lui qui devait faire honneur à leur patronyme et son rang. Lui qui représentait l’avenir de leur famille. Lui vers qui tous les yeux étaient tournés. L’époque de la douce innocence où il pouvait n’en faire qu’à sa tête, se contentant de quelques remontrances physiques pour ses actes était révolue. Par défiance, Rory continuait de n’en faire qu’à sa tête. Depuis la mort de Caïn il était même devenu plus imprudent, insolent, turbulent et agressif. La moindre excuse pour se faire remarquer, hurler au monde son existence et la souffrance qui le dévorait était bonne à prendre. Il ne faisait que reproduire les bons vieux schémas auxquels il avait été confrontés, ceux-là mêmes qui avaient laissé tant de marques indélébiles sur son corps. Emplit d’une rage féroce, torturé jusqu’à la moelle, Rory n’avait aucun autre exemple d’interaction avec le monde et les autres que par la violence pure et dure. L’agression pour mode d’expression. Il se dressait donc, tête haute, ses prunelles noires imprimées de rage face au monde, incapable de s’avouer vaincu. Plutôt crever que de montrer ses faiblesses.

Son échange avec Abigail avait donc quelque chose de très déconcertant. Bien loin de la considérer comme une véritable menace, Rory savait que même si elle voulait répéter les aveux de faiblesse dont elle avait été témoin de sa part, personne ne l’écouterait ou même ne la croirait. La petite animagus en devenir était de ces êtres fragiles, presque inoffensifs que l’on remarque à peine malgré leur déchirante douceur. Se retrouver en sa présence était toujours source de malaise pour Rory. Au delà de sa bonté qui lui crevait le coeur, elle lui rappelait amèrement sa mère et Lili. Une étrangère qui se montrait si gentille avec lui sans rien attendre en retour qui le mettait face à ses propres incohérences et sa souffrance constamment refoulée était angoissant pour l’héritier Barjow. En bon control freak qu’il était, Abigail présentait une menace de taille. Pourtant… Pourtant quelque chose chez cette petite sorcière si inoffensive en apparence l’attirait inexorablement. Il était incapable de véritablement en déterminer la raison mais plus il multipliait les entrevues avec elle et plus il se surprenait à rechercher sa compagnie si subtilement désagréable de vérités. Sans jamais se départir de son cynisme légendaire, moyen de  défense de prédilection, Rory ironisa sur son incapacité à gérer ses émotions. Il avait beau être une boule de nerfs, il savait que son comportement n’avait rien de normal… Il suffisait d’observer les adolescents qui évoluaient autour de lui pour le constater. A quelques exceptions prêts, Rory se détachait du lot. Son histoire familiale l’avait confronté à un degré de violence que la plupart des élèves l’entourant ne connaîtraient pas sur toute une vie. On l’avait forcé à grandir avant l’âge. Dans ses propos, ses attitudes, son goût prononcé pour le danger et ses aspirations, Rory n’avait rien d’un adolescent normal. Ceux qui osaient lui tenir tête ou simplement soutenir son regard de feu se comptaient ainsi sur les doigts d’une main et, étonnamment, Abigail en faisait partie. Bien que ses prunelles accusatrices se faisaient le plus menaçantes possible, quelque chose dans son attitude et dans son expression faciale renvoyait un tout autre message. T’es heureux ? Interloqué par les questions qu’elle venait de lui poser, Rory marqua un temps d’arrêt. On ne lui avait jamais laissé le luxe de se poser la question, de réfléchir à ce qu’il ressentait. Exprimer de la colère en continu était son moyen de survivre au manoir familial. C’était la rage qui coulait dans ses veines qui lui avait permis de ne pas être brisé par Caïn et son père. Mais… Aimait-il ça ? En tirait-il satisfaction ? Éprouvait-il du bonheur à être ainsi ? Pensif, les sourcils froncés il cherchait désespérément une réponse. A mesure que les secondes s’écoulaient, son incapacité à apporter une réponse claire aux énigmes posées par la Poufsouffle alimenta sa colère. Tout en relevant la tête, il accrocha la lisière de la forêt du regard, concluant hâtivement. « J’ai jamais eu le luxe de me poser la question de si j’aime ça ou non. C’est ma colère qui m’a maintenu en vie jusque là. Sans elle je serais déjà probablement mort à l’heure qu’il est ! Je n’ai pas le choix, je ne peux pas me montrer faible. » Habile façon d’éluder la question insoluble du bonheur. Après tout, qui peut se targuer d’être heureux sur cette Terre ?

Rory avait beau faire face, encaisser sans broncher bien qu’il montrait les crocs en bon animal acculé qu’il était, une petite voix au fond de lui hurlait à pleins poumons de fuir. L’idée fugace de se transformer en renard et courir vers la forêt interdite lui traversa l’esprit alors qu’Abi commença à le comparer aux dragons qu’elle avait l’habitude de fréquenter. Un parallèle qui était bien loin de le déranger. Après tout, qui serait offusqué d’être associé à un dragon ?! En revanche, il ne comprenait pas l’intérêt de tout cela. Par la barbe de Merlin, qu’est-ce que cela a à voir avec notre conversation ?! Une conversation dont il ne cessait de remettre en question l’utilité. Si elle lui apporta quelques éléments de réponse, les questions qu’elle soulevait, la remise en question qu’elle amorçait alimentèrent un peu plus sa colère latente. Pourquoi s’évertuait-il à subir cela ?! Abigail n’avait rien de menaçant, il pouvait n’en faire qu’une bouchée sans problème alors pourquoi lui accorder autant de temps, autant d’importance pour daigner lui répondre. Mystère et chocogrenouilles… S’il pesta brièvement sur sa constante compulsion à s’excuser, le simple « pardon » qu’elle formula presque machinalement lui extirpa un profond soupir d’agacement avant qu’elle n’entame ses explications. Il l’écouta en silence lui expliquer ce qu’il savait déjà. Le moindre mot qu’elle choisissait, ses tournures de phrases, son argumentaire orienté autour d’un seul et même point l’énervait profondément. Elle me pense vraiment con au point de ne pas savoir ce que représente ma forme animagus ? Certes, il ne s’était pas attardé sur une partie des éléments qu’elle venait de citer mais il s’agissait d’un choix délibéré. Rory n’avait rien d’un être social. Comme Abi l’avait exprimé, il se montrait agressif et cruel par nécessité, non pas par joie. La simple idée qu’il puisse former un couple avec qui que ce soit le faisait doucement rire. Si sa belle gueule en séduisait certaines à Poudlard, ça ne durait jamais. L’héritier Barjow savait qu’il n’avait pas ce qu’il fallait pour maintenir quiconque à ses côtés. Incapable d’éprouver autre chose que de la haine, rien ne justifiait qu’on s’intéresse véritablement à lui alors l’aimer… Impossible ! En revanche il se savait opportuniste, indépendant, inventif, rusé et d’une grande intelligence. Il suffisait de voir son bulletin de notes et l’avance qu’il possédait dans bon nombre de matières. Rory s’ennuyait en classe. Ce qu’on lui enseignait il le savait déjà pour la plupart. Pour assouvir sa soif constante de connaissances il dévorait les nombreux grimoires qu’il pouvait trouver, subtilisait des ouvrages plus obscurs dans la réserve de son père et expérimentait en cachette. Tout était bon pour épancher son besoin insatiable de savoir. Un bel exutoire à ses problèmes quand il ne passait pas son temps libre à explorer les bois interdits de Poudlard. Pour toute réponse, Rory se contenta de simplement hausser les sourcils, préférant ravaler son poison que de le déverser sur Abigail. Grossière erreur. A des années lumières de s’attendre à ce qui allait suivre, les questions dont elle le bombarda laissèrent l’héritier sans voix. L’espace d’un instant, toute son agressivité latente se dissipa, faisant place à la surprise et l’incompréhension. Jamais personne n’avait osé lui poser de telles questions, remettre en question tout ce qui le définissait… Et cette question. Encore cette fameuse question. Est-ce que ça te rend heureux ? Fuck… Désemparé, ses iris se perdirent à nouveau sur le relief du gazon. Il avait envie de disparaître, de hurler, de frapper, de fuir tout simplement. Comment une simple gamine qui faisait trois têtes de moins que lui pouvait lui donner envie de battre en retraite ?! Lui ! Rory Barjow ! Un long silence s’installa durant lequel le jeune Serpentard lutta avec lui-même. D’un geste machinal il frottait les articulations encore meurtries de sa main gauche, vestiges de sa dernière crise de rage qui s’était abattue contre le mur de sa chambre. Finalement un profond soupir quitta ses lèvres, ses épaules s’affaissant légèrement sous ce poids qu’il avait de plus en plus de mal à supporter. Sans jamais croiser son regard, il tenta de se justifier. « Tu crois qu’on m’a laissé le choix ? Que j’ai délibérément accepté d’être qui je suis ?! Tu l’as dit toi même : je suis agressif et cruel car ma survie en dépend ! Mon père et Caïn n’attendaient que ça… Au moindre signe de faiblesse ils n’auraient pas hésité une seule seconde à me tuer ! J’ai pas eu le choix moi, j’ai pas eu la chance de me poser la question de « qui je veux être plus tard ». On l’a décidé pour moi. Je suis né Barjow. Né sang-pur. Né d’un partisan Mangemort. Même si c’était Caïn qui avait la responsabilité de l’héritage familial je devais me tenir à carreaux. Je devais encaisser sans broncher sinon c’était pire. » Rory marqua une pause. Il ferma les yeux l’espace d’un instant, avalant difficilement sa salive. L’agressivité explosive de Caïn n’était un secret pour personne, à de nombreuses reprises les professeurs de Poudlard avaient été obligés de séparer les deux frères, craignant que l'aîné ne tue son cadet. « Cet abruti a été suffisamment con pour se faire tuer et maintenant c’est à moi d’assumer le rôle d’héritier. J’ai un bourreau en moins sur le dos mais bien plus d’emmerdes au final. J’ai pas le droit à l’erreur. Est-ce que c’est ce que je voulais ? Est-ce que je suis fier d’être né Barjow ? Clairement pas, non ! Ça m’a cependant rendu plus fort, plus déterminé et avide de faire mes preuves. » Aussi triste que cela pouvait paraître, Rory n’aurait pas voulu naître dans une autre famille. Qui aurait pris la défense de Lili s’il n’avait pas été là ? Il était peut-être brisé, alimenté uniquement par la rage mais au moins il était un petit génie avec de nombreuses possibilités qui s’offraient à lui. Abigail soulevait toutefois un point sur lequel il ne faisait que botter en touche. Profondément perturbé et donc agacé, il soupira une nouvelle fois avant de lâcher un peu dépité. « Je ne sais pas ce que je désires. Je ne me suis jamais posé cette question… » Il était bien trop occupé à survivre pour se préoccuper de ses désirs. « En quoi est-ce si important ?! Je suis ce que mon environnement a fait de moi. J’ai jamais vraiment pu me soucier de si cela me convenait ou si j’étais heureux… Et puis… Je ne sais pas ce qu’on est censé ressentir quand on est heureux… » Confession douloureuse. A répéter cette question, Abi avait installé le doute en lui. Qu’est-ce que ça veut dire « être heureux » ? L’avait-il jamais été ? Sa colère s’était-elle déjà suffisamment dissipée pour lui laisser entrevoir une autre émotion aussi intense, allant même jusqu’à la remplacer ? Rien n’était moins sûr. Rory balaya bien vite cet aveu de faiblesse extrêmement embarrassant en renchérissant sur sa forme animagus. « Si j’ai pris la forme d’un renard c’est que j’étais déjà comme ça : agressif, cruel, rusé, opportuniste, indépendant ou encore inventif. Je ne t’apprends rien en te disant que tu ne choisiras pas ta forme animagus, elle va s’imposer à toi pour correspondre au mieux à ta personnalité. Mon père a tenté de me forger pendant toute mon enfance et parce que je suis devenu moi j’ai pris la forme d’un renard. C’est peut-être pour cette raison également qu’en dépit de tout ce qu’il peut me faire subir que je ne ploie toujours pas l’échine. Il a fait de moi, malgré lui, le renard que je suis. » Seul Merlin savait à quel point son père se mordait les doigts de ne pas avoir ôté la vie à son second fils dès son premier souffle. En voulant le briser dès son plus jeune âge il avait, à l’inverse, forgé un jeune homme plein de haine, bien déterminé à lui tenir tête même si cela devait lui coûter son existence.  
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Abigail MacFusty
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Dim 5 Déc - 14:43

09 septembre 2002

Je voyais bine que je le décontenançais, et j’avais la prétention de croire que ça allait l’aider, néanmoins, rien n’était plus sûr. Mon interlocuteur était buté, profondément marqué au fer rouge par des événements que je ne pourrais sans doute jamais totalement comprendre ni concevoir. Je pouvais toutefois apercevoir sa profonde détresse, ce qui meurtrissait mon cœur tant j’étais empathique et compatissante. Je n’aimais guère voir mon prochain souffrir, et je préférais toujours que ce soit moi qui souffre plutôt que les autres. Voilà pourquoi je ne pouvais m’empêcher d’apporter mon aide malgré moi et malgré le fait que je ne connaisse que peu le Serpentard aigri qui me faisait face. Malgré mon regard fuyant et le fait que je pose de moins en moins mes prunelles sur lui, je le surveillais du coin de l’œil et voyait bien qu’il commençait à se renfrogner davantage sous mes nombreuses questions. Sans doute allais-je trop loin dans mes réflexions, cela dit, il ne me regardait plus de la même manière, ça, je l’avais perçu.
Alors que sa réponse se fit tranchante, comme les précédentes, je me contentais de fermer les paupières comme toutes réponses, non pas parce que j’avais peur ou parce que je désirais l’ignorer, mais bien pour pouvoir mieux m’imaginer ce que le jeune homme devait vivre et affronter au quotidien. Une profonde colère pour masquer cette détresse devait impliquer un acte grave. Certes, il y avait eu la perte de sa mère, et le deuil devait sans doute être difficile à vivre, ça, je ne le connaissais pas et sans doute ne le connaitrais-je jamais. Était-ce cette unique raison qui expliquait le comportement agressif du garçon ? J’avais un léger doute puisqu’il était déjà ainsi avant. La disparition de sa mère n’avait fait qu’exacerber le tout.
Dans ce cas, qu’est-ce que ça pouvait bien être ? De mauvais traitements ? Pas à Poudlard, tout le moins j’avais du mal à l’imaginer, mais je n’avais jamais non plus vu le corps de Rory, et c’était donc une théorie que je m’y de côté. Il prétendait ne jamais avoir eu le choix. Était-ce donc quelque chose d’éducatif ? Je le savais de sang pur, et part extension, je savais que les traditions de ces familles ancestrales pouvaient parfois dépasser l’entendement, tout le moins, mon propre entendement. À chaque fois que j’étais confrontée aux récits de ces familles, je remerciais le ciel d’être tombée sur la famille des MacFusty, et d’autant plus d’être une seconde née. Ainsi, les responsabilités familiales ne m’incomberaient jamais.

Poussant un profond soupir de compassion, je rouvrais les yeux, juste à temps pour e voir se frotter machinalement ses articulations meurtries par sa propre rage. Sans chercher à croiser ses yeux, j’écoutais sa longue tirade tout en continuant à me frotter les mains pour en retirer la crasse. Sorcière qui appréciait être sur le terrain et qui n’avait pas peur de mettre la main dans le cambouis (c’était le cas de le dire), j’avais souvent de la paille ou de la boue accrochée à mes vêtements. Aujourd’hui, c’était de la poussière et de la terre, après avoir aidé à nettoyer le parc des hippogriffes et après avoir fait quelques temps supplémentaires dans la serre de botanique afin de parfaire mes aptitudes. Je n’étais pas de ces saintes ni touche qui souhaitaient terminer leurs vies dans un bureau au fin fond de ce ministère bien trop propre et aseptisé.
Ainsi, frottant le dos de ma main droite avec le pouce de la gauche dans l’espoir de faire disparaître une trace, apparemment, de morsure, la peau était rouge, je répondais de ma petite voix timide, repliée sur moi-même.

- Il y a des choses auxquels on n’y peut rien, c’est vrai. Des choses immuables qui nous incombent dès notre naissance. On ne choisit pas non plus notre famille. Sur ce point, je ne peux que te rejoindre. Je… mes épaules remuèrent légèrement comme pour faire disparaître un poids. J’ai la chance de vivre dans une famille tranquille et sans vraiment d’histoire, malgré notre héritage important. Tout le moins important pour nous. Veiller sur les Noirs des Hébrides, c’était à mes yeux la chose la plus importante au monde ou presque, mais cela ne signifiait sans doute rien à ceux de Rory. Je suis désolée de tout ce que tu as dû vivre et endurer, j’imagine que je ne peux pas comprendre en totalité ce que tu as vécu, et ce serait prétentieux de ma part de dire le contraire. Certes, nos familles nous façonnent quand on est enfant, mais, tu sais… maintenant que tu es à Poudlard, tu peux aussi prendre toi-même les rênes de ton destin, devenir ce que tu as envie de devenir, de répondre à tes propres convictions et à tes propres besoins…. Enfin… tout ça dans la mesure du possible et du raisonnable bien sûr, on s’entend.

Ce qui se passait à Poudlard restait à Poudlard. Rory était maintenant une bonne partie de l’année loin de cet endroit qui semblait tant l’emprisonner et le torturer, et il avait une opportunité de faire autre chose, de prendre une autre direction.
Toutefois, lorsqu’il m’avoua ne s’être jamais posé la question sur ce qu’il désirait ou s’il était tout simplement heureux, je fronçais légèrement les sourcils de surprise, sans pour autant relever mon regard dans sa direction. Sans doute que ces questionnements devaient lui paraître futiles, pourtant j’étais persuadée que ça ne l’était pas. C’était sa vie, son avenir, pas celle de son geôlier. Certes il y avait le devoir familial, et cela, je pouvais le comprendre puisque j’en avais aussi, quand bien même c’était moindre vis-à-vis de Kyle.
Un peu hésitante, je me permettais d’essayer de l’aiguiller.

- Ça n’a rien d’un luxe en fait, de se demander si on est heureux ou de se demander ce qu’on veut pour notre avenir… c’est juste… normal, je crois, puisqu’il s’agit de notre vie à nous, et non pas de celle des autres. Et quand… quand on est heureux et bien mmh… Je me remémorais les moments forts passés avec mon frère ou encore lorsque j’étais parmi les dragons avec ma famille, sur notre île natale. C’est une sensation tout à fait à l’opposé de la colère, en fait. On se sent léger, avec aucun poids sur les épaules, on est attentif à ce qui se passe autour de nous, mais pas à cause de la méfiance, mais parce que tout nous semble beau. On s’émerveille, on à la sensation de pouvoir s’envoler ou encore de soulever des montagnes. On peut même atteindre une certaine félicité et… et tout semble simple et… juste parfait.

À ces derniers mots, l’image d’Harper s’imposa devant moi. Sans m’en rendre compte, je souriais dans le vague alors que je me remémorais les moments où je plongeais mon regard dans le sien, mais les paroles de Rory me ramenèrent bien vite sur terre. Je battais alors des paupières pour l’écouter, gardant toujours l’échine courbée sur mes mains.
Alors qu’il m’expliquait que sa forme animagus n’était qu’une conséquence de son éducation, je me permettais d’étirer mes lèvres en une légère grimace désapprobatrice.

- C’est vrai en partie, je pense. Comme dit, notre famille nous façonne à notre image… en partie. Mais encore une fois, maintenant, tu es à Poudlard et tu as les clés en main. Je ne crois pas que ta forme animagus soit uniquement du fait de ton éducation et de ce qu’a voulu ton père… je crois… que c’est aussi parce que tu as ça en toi depuis ta naissance. Enfin… c’est… ma propre croyance.

Encore une fois, je remuais les épaules, comme si je n’étais pas certaine de ce que j’avançais. En réalité, je ne voulais surtout pas me faire traiter d’idiote, moi, la minuscule sorcière timide qui avait ses propres idées qui n’allaient pas dans le courant de la majorité des autres sorciers. Je subissais déjà beaucoup en dragonologie alors que mes manières d’agir ne ressemblaient à aucun autre dragonologiste jusqu’alors, pas même de mon père.
Idiote petite Abigail.
Une nouvelle fois, je soupirais tout en tournant mon regard sur ma gauche, observant l’herbe qui frémissait au gré du vent.

- Je dois t’avouer Rory que… je te plains, un peu. Je n’ai pas pitié, non. Mais je suis triste pour toi… je suis triste que tu ne puisses pas ressentir autre chose que colère et tristesse… l’amour, ou ne serait-ce que l’amitié, c’est quelque chose de précieux aussi, et d’autant plus fort. Je n’ai jamais compris pourquoi on prétend que montrer ses émotions et montrer son affection pour quelqu’un ça rend faible. Regarde ce qui est arrivé à Lord Voldemort qui n’a jamais connu l’amour… Ce… ce n’est pas viable sur le long terme. La patience, l’écoute, l’amour… ce sont des choses qui sont d’autant plus fortes et qui ont d’autant plus de pouvoirs que la colère et la peur.

Je refermais les paupières avant de me redresser un peu, tourner le visage en direction de Rory, et, pour la toute première fois depuis notre conversation, plantais mon regard dans le sien avec douceur et détermination.

- Pense ce que tu veux, traite-moi d’idiote ou d’ignorante, prétends que tu n’as pas le choix, je m’en contre fou. Moi, je crois en toi, moi, je crois en le fait que tu peux te tirer du filet de tes malheurs parce que tu es un renard. Moi, je veux croire pour toi, et si personne n’en est capable, pas même toi, alors moi, je vais t’aimer pour nous deux.

Parce que ma coupe pour aimer n’était jamais pleine. Parce que j’étais loyale et fidèle. Parce que malgré ma petitesse et ma timidité, j’étais bien plus forte et courageuse que ce qu’on s’amusait à cracher sur moi. Parce que j’étais déjà ce chien qui ne s’était pas encore métamorphosé.



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Mer 8 Déc - 22:52
Some things should stay unspokenPlus sa discussion avec la jeune Poufsouffle s’approfondissait et plus ils abordaient des sujets que Rory n’avait jamais évoqués avec quiconque. Pas même sa mère ou Lili n’étaient allées jusqu’à lui poser de telles questions, soulever des réflexions si profondes sur son existence et ce qu’il en faisait. Oh bien sûr sa mère avait fait tout son possible pour alléger le poids qui pesait sur les épaules de son fils préféré mais elle n’avait pas eu la force de caractère pour s’imposer face à son mari. Rory suspectait d’ailleurs qu’elle ait été ensorcelée sur la durée par son père, la plongeant dans une détresse psychologique intense pour la pousser lentement au suicide. Il n’avait aucunes preuves mais l’absence d’émotions de son paternel en disait long sur le peu d’estime qu’il lui accordait durant ses dernières années de vie. Comment pouvait-on être heureux dans un contexte familial pareil ? Sans compter sur l’énorme responsabilité que représentait Lilibeth. Certes il aimait profondément sa petite soeur mais son existence lui avait finalement apporté un peu plus de douleur et de doutes. Obsédé par le fait de la défendre face aux agressions de son père et de son frère, Rory n’avait pu se résoudre à la laisser subir les violences qu’il avait lui-même vécues. Malgré tout, malgré tous ses sacrifices, il avait vécu sa tristesse face à la mort de Caïn comme une horrible trahison. Tout l’amour qu’elle prétendait lui porter volait en éclats. Comment pouvait-elle pleurer l’un de ses bourreaux ? L’aimait-elle vraiment ? Rory n’en était plus si sûr…

D’une certaine façon, il enviait la vie d’Abi qui semblait si calme, si pure, dénuée de toute douleur et colère. Qu’importe à qui il se comparait de toute façon, son enfance n’avait rien de normale, de saine. Les sang-purs avaient beau avoir la réputation d’élever leurs enfants à la dure, Rory avait eu la malchance de naître homme et en seconde place. Voilà le premier et ultime affront qu’il avait fait, justifiant le déversement de haine qu’il subissait depuis un peu moins de seize ans maintenant. Ainsi, écouter la jeune femme en devenir lui parler de bonheur, de l’importance de façonner son avenir et faire ses propres choix avait quelque chose de presque risible depuis sa perspective. Comment lui en vouloir ?! Elle était à des années lumières de pouvoir concevoir ce qu’il avait vécu et continuait de vivre malgré la mort de Caïn. Pour beaucoup, la maltraitance qu’il vivait n’était même pas imaginable. Le corps enseignant de Poudlard l’avait pendant un temps pris pour un provocateur et menteur compulsif. Il avait fallut attendre sa troisième année pour que, lors d’un séjour à l’infirmerie, ils ne découvrent avec horreur son torse et dos portant les traces de longues années de sévices. « J’aimerais sincèrement que tu aies raison Abigail… » Commença-t-il dans un soupir, triturant nerveusement les brins d’herbe à ses côtés. « J’ai cru au début que Poudlard serait un lieu un peu plus sûr pour moi… Il y avait Caïn, certes, mais c’était moins lourd. Pendant quelques mois du moins. J’ai vite compris que même si mon père n’était pas là, même si je n’étais pas au manoir, ça continuait quand même. Quand Caïn a été tué, mon père avait quand même vent du moindre de mes faits et gestes. Dès que je rentrais pour les vacances j’avais droit à la ceinture. De toute façon, n’importe quoi justifie la ceinture pour mon père… Le reste c’est quand j’ai vraiment fait une connerie. » Il laissa un petit blanc, redressant légèrement la tête vers elle. Il n’y avait rien de mieux qu’un exemple pour qu’elle comprenne clairement ce qu’il sous-entendait depuis le début. Dans un profond soupir, Rory défit un peu plus sa cravate, retira les premiers boutons de sa chemise et tira dessus pour laisser apparaître son cou et son épaule droite où une large brûlure magique s’étendait. « Ils ont toujours été très créatifs… » Fut sa seule explication avant de reboutonner sa chemise, ses longues mèches brunes cachant la cicatrice foncée à la perfection. « Poudlard n’a donc jamais été un refuge pour moi… Je dois continuer de me comporter en adéquation avec ce que mon père attend de moi. » Il préférait éluder le cas de Lili. Mêler sa jeune soeur cracmol à toute cette histoire serait courir le risque que la rumeur ne s’ébruite et que les suppositions les plus folles ne commencent à naître. Il n’avait pas sacrifié plusieurs années de sa vie à la défendre bec et ongle pour en arriver à la mettre en danger si bêtement.

Sans grande surprise, la discussion dévia un peu plus sur ses sentiments et ressentis. S’il ne se sentait pas en sécurité chez lui ou même à Poudlard, comment pouvait-il savoir qu’il était ou avait jamais été heureux ? Une réflexion qu’il partagea à Abi. Un aveu de faiblesse qu’étrangement il était prêt à faire car c’était elle. Que pouvait-elle bien posséder de plus que les autres pour qu’il en vienne à se confier ainsi ?! S’agissait-il justement de sa gentillesse désintéressée ? De son aspect presque inoffensif et sa discrétion qui la rendait invisible pour beaucoup d’élèves à Poudlard ? Pourtant, si lui l’avait vue, d’autres étaient nécessairement au courant de son existence. Autant de risques que ses propos soient colportés, déformés et utilisés d’une quelconque façon contre lui. Le danger ?! Que son père l’apprenne… Cette fois-ci ça serait pire que des coups de ceintures, brûlures et lacérations au couteau… Une pensée bien vite chassée par les propos de la petite Poufsouffle. S’il accueillit le début de son discours avec une certaine réserve, sachant son destin d’héritier Barjow tout tracé, le reste lui fit l’effet d’une gifle phénoménale. Il n’avait jamais été heureux. Face à ce constat, son expression se ferma un peu plus alors que ses traits s’imprimaient d’une tristesse bien enfouie qu’elle faisait resurgir. Il ne pouvait pas se remémorer un seul moment de sa courte existence où il n’avait pas eu peur que Caïn ou son père lui tombe dessus. Toujours sur ses gardes. Toujours en alerte. Même avec Lili. Même avec sa mère. Même avec les gamins du quartier. Il n’était à l’abris nul part. Rory préféra ne pas réagir, cette révélation était beaucoup trop douloureuse pour qu’il puisse y mettre des mots dessus. Et puis quoi ?! Il n’avait jamais été heureux ! Ça allait lui faire une belle jambe à Abi, tiens… Noyant le poisson comme il pouvait, Rory revint sur sa nature animagus. Il était persuadé qu’une grande partie de qui il était avait été forgé par les tortures physiques et psychologiques de sa famille. Comment expliquer sa colère, son agressivité et son incapacité à se fier à qui que ce soit sinon ?! Certes il avait toujours été très intelligent. Une qualité que son père aurait préféré voir chez Caïn, ça ne faisait aucun doute ! « Peut-être… Qui sait ?! Quoi qu’il en soit j’aime ma forme animagus. Qu’elle soit liée à qui je suis vraiment au fond, à mon environnement ou mon éducation, j’aime ce qu’elle représente même si ce n’est pas l’animal le plus flamboyant comme un lion par exemple. »

Si Rory commençait à envisager de couper court à la discussion pour en revenir aux banalités de la transformation animagus, le discours dans lequel Abi se lança arrêta le temps autour d’eux. Secoué par ses mots jusqu’au plus profond de son être, il la dévisageait longuement, son regard dépourvu de toute agressivité. La justesse de ses propos, le parallèle marquant, la cruelle réalité de ce qu’il vivait au quotidien… Ça faisait sens et c’était bien là ce qui l’inquiétait. Resté sans voix, il soutint son regard, visiblement décontenancé par ce qu’une si frêle étudiante timide de Poufsouffle pouvait lui balancer au visage. Au final, elle était d’un courage féroce. Aucun autre élève n’aurait eu le cran de lui sortir pareil discours. A moins que c’était justement car il s’agissait d’Abi qu’il était capable d’entendre ces mots. Décontenancé, elle lui asséna le coup de grâce final. Je vais t’aimer pour nous deux. La gorge nouée par les émotions devenues incontrôlables qu’elle réveillait en lui, Rory ne put maintenir son regard plus longtemps. Avec un certain désespoir il cherchait à trouver un point d’ancrage dans le paysage, sur la façade claire du château mais rien n’y faisait. Il se sentait sombrer dans l’émotion. Les yeux humides, le jeune héritier renifla légèrement, ses longues mèches noires cachant l’expression de détresse qui s’était imprimée sur son visage. Après quelques instants de silence durant lesquelles il tenta de reprendre contenance, son regard vint à nouveau capter le sien. Malgré tous ses efforts, on pouvait aisément lire sur ses traits à quel point elle l’avait touché. Ses iris sombres encore humidifiés par les larmes réprimées, il la fixa sans un mot avant de se redresser sur les genoux. Sans trop réfléchir à son acte ni même la portée que ce dernier pouvait avoir, Rory vint briser la distance qui les séparait et encercla le corps d’Abi de ses bras. Son menton posé sur son épaule, il l’enlaça ainsi quelques secondes avant de lui souffler. « Je ne comprends pas pourquoi tu veux m’aider mais… Merci de croire en moi… » Ce fut les seules paroles qu’il était à même de prononcer sans perdre complètement la face. Afin de ne pas l’embarrasser plus longtemps, Rory la relâcha pour revenir s’asseoir à la place qu’il occupait jusqu’alors. « Par contre si tu dis à qui que ce soit ce qui vient de se passer… » Il avait beau vouloir être menaçant, quelque chose clochait. Il ne s’était pas encore complètement remis de la bombe qu’elle lui avait lâché. Histoire de faire comme si de rien n’était, Rory se racla nerveusement la gorge avant de demander. « Sinon, tu avais des questions peut-être concernant le processus de transformation ? Des trucs qui te tracassent ? » Pas sûr que la distraction ne fonctionne mais il devait au moins essayer, espérant qu’Abi lui laisse un peu de répit.  
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Jeu 9 Déc - 15:42

09 septembre 2002

Il y avait des choses contre lesquelles ont il n’y pouvait rien malgré toute notre volonté. Je ne pouvais guère me mêler plus de la vie de Rory, parce que je ne voyais tout simplement pas ce que je pouvais faire d’autre. Appeler les autorités ? Les sangs purs avaient pour ainsi dire tous les droits, c’était donc inutile, en dehors d’apporter encore plus de problèmes au jeune Serpentard. Alors quoi ? En parler à mes parents pour qu’ils agissent à ma place ? Non, et le résultat serait sûrement le même que pour les autorités. Agir moi-même ? Je n’étais pas une sorcière assez douée en duel pour pouvoir faire face, et était-ce véritablement ce que je voulais, que de lui faire perdre le peu de famille qui lui restait ?
Un long soupir traversa mes narines tandis que mes mains s’entremêlaient nerveusement entre elles. J’ignorais quoi faire, j’ignorais quoi dire. Je savais depuis le début que je m’étais aventurée sur des sentiers qui ne me regardaient pas et que je ne pouvais qu’à peine comprendre, mais j’avais cette conscience, ce sens du devoir, qui me dictaient de ne pas laisser le garçon étouffer dans cette colère. Qu’aurais-je pensé, plus tard, s’il en était véritablement venu à sombrer ? Il m’aurait aidé, des fois protégée, et moi ? Moi et bien, je n’aurai rien fait. C’était inconcevable, impensable.
Je voulais au moins qu’il sache qu’il pouvait trouver en moi une oreille attentive et un soutien indéfectible derrière ma petite taille et mes traits de gamine de dix ans.
Ses paroles, bien qu’elles soient à présent dénuées de colère, m’accablèrent presque tout autant. Comment était-il possible qu’au sein d’une même famille une telle cruauté soit de mise ? Comment était-il possible de se détester à ce point alors que nous avons le même sang ? Comment était-il possible de posséder en soi autant de colère et de violence ?
Dans le fond, le discours de Rory me conforta dans le fait que j’avais vu juste : il n’avait pas encore la noirceur de son père et de feu son frère… et de le constater, je désirais d’autant plus l’en protéger comme je le pouvais.
Seulement, j’ignorais comment.
Lorsqu’il leva les mains pour commencer à défaire sa cravate et sa chemise, je ne pus m’empêcher de lever les yeux dans sa direction. À la vision de sa cicatrice, j’eus pour toute réaction de me mordre la lèvre, le visage déconfit par la sensation douloureuse qu’il avait dû ressentir lorsqu’on le torturait. Pourtant, je ne détournais pas le regard. Quand bien même je le souhaitais, je ne le faisais pas. Je faisais face, face à cette horreur qui était inconnue dans mon foyer, face à la méchanceté pure et dure de l’être humain qui me débectait de plus en plus, face à la situation de Rory, parce que je voulais lui venir en aide, je voulais être un soutien. Comment pouvais-je le devenir si je n’avais même pas la force de regarder la situation de front ?
Les pupilles devenant humides par la tristesse qui montait en moi, car j’étais effondrée de désarroi, j’ouvrais la bouche et la refermais quelques fois, me donnant l’air d’être un poisson hors de l’eau. Tandis qu’il se rhabillait, je me ressaisissais et articulais avec difficulté.

- Je… je suis désolée Rory. Pour tout ce que tu as à endurer. Je baissais à nouveau les yeux pour regarder l’herbe avant de lancer, de but en blanc. On dirait un arbre… ta cicatrice. Ça… ça rappelle la vie, qui prend racine dans la terre, ou tellement profondément qu’elle atteint les enfers. Prendre sa source en enfer pour s’en nourrir, mais savoir garder sa beauté. Je souriais, le regard dans le vague. Comme Yggrdasill.

Évidemment, le jeune homme en face de moi était un Barjow, un sang pur, je me doutais donc bien qu’il ne comprenne peut-être pas la référence à l’arbre mythique de la mythologie nordique, mais je trouvais l’image tout à fait appropriée. Cet arbre avait ses racines en enfer et son feuillage au paradis. Son tronc rassemblait les différents mondes. Depuis toute petite, j’appréciais ce symbole fort de complexité et de complémentarité des éléments.
Savoir voir la beauté là où tout n’est qu’obscurité. Savoir où regarder.
C’était une déformation que j’avais, que ma famille m’inculquait avec les créatures et que, malgré moi, je reportais. Comme un défaut professionnel.

Tout comme je voyais la beauté dans un Noir des Hébrides qui essayait d’attenter à ma vie, ou tout comme je voyais la beauté dans un renard malicieux à la fourrure flamboyante.
Pourtant, je constatais que ma description du bonheur sembla toucher de plein fouet mon interlocuteur tandis que je voyais des larmes naître dans ses yeux, sans qu’il ne se donne l’autorisation de les laisser couler. Il forçait mon admiration, moi qui n’arrivais pas à retenir le moindre couinement, bien trop émotive petite sorcière que j’étais.
J’étais présentement encore plus désolée des paroles que je venais de prononcer, d’autant plus que je ne pouvais pas les rattraper. J’avais la sensation, pourtant, que c’était normal que tout le monde puisse connaître au moins une once de bonheur dans sa vie. J’étais forcée de constater que je m’étais à nouveau fourvoyée, et j’allais ouvrir la bouche pour m’excuser, lorsque le jeune garçon bougea à nouveau et reprit tant bien que mal contenance. Je me ravisais alors, et n’insistais pas sur le sujet tandis qu’il revint sur sa nature animagus.
Je me permettais de sourire avant de pencher légèrement le visage sur le côté pour lui répondre simplement.

- Nul besoin d’être flamboyant, ta forme de renard te va à ravir. Je levais les yeux pour ajouter sur un ton plus léger. J’espère ne pas me transformer en cafard.

Petit, invisible, inutile et moche. L’image du cafard m’allait comme un gant. En plus, je me mêlais de ce qui ne me regardait pas et je m’infiltrais là où on m’y attendait le moins. C’était ce que je faisais depuis tout à l’heure avec Rory en tout cas, et il ne s’était pas attendu à me voir débarquer de la sorte sur son matériel d’animagie, n’est-ce pas ?
Petit cafard.
Petit cafard inconscient qui souhaitait juste aider, et par sa petite taille et sa laideur, promit d’aimer pour deux. Car l’amour était facile à produire, et qu’il n’y en avait jamais assez dans ce monde si cruel.
Je m’attendais à ce que le renard en vienne à dévorer ce petit cafard, pour enfin s’en débarrasser pour de bon. Ce que je n’avais pas prévu en revanche, c’était que le goupil se prit d’affection pour l’insecte insignifiant et répugnant.
Il s’avança et me prit dans ses bras.
Est-ce utile de signifier que je n’étais pas accoutumée aux accolades amicales ? Fraternelles et familiales, oui. Avec Harper, ça commençait à venir. Mais sinon non. Ne serait-ce que frôler ma main avec un autre élève me donnait de violents frissons tant je n’étais pas habituée, et j’aimais si peu le contact avec les autres que je préférais fuir et disparaître aux yeux des autres.
Ainsi, avec violence, je réfrénais l’envie de dégager le jeune homme, et au lieu de lui tirer les épaules, je posais mes doigts dans son dos, sans trop savoir si c’était ce qu’il fallait faire. Les pupilles observant à droite et à gauche, je priais pour que la situation ne dure pas trop longtemps, et fort heureusement, il se dégagea après m’avoir soufflé une phrase à l’oreille.
Lorsqu’il me rendit ma liberté et reprit sa place, je ne pus m’empêcher de me recroqueviller sur moi-même, ramenant mes jambes contre ma poitrine, et de les entourer de mes bras. Pourtant, je souriais. Un sourire que je dissimulais derrière mes genoux, parce que je me retenais de pouffer de rire. Ce n’était pas une expression de ma nervosité parce qu’il venait de m’enlacer, c’était davantage une réaction à ce qu’il venait de dire.
Pourquoi je faisais ça ? Aucune idée. Parce que j’étais moi.
Oserais-je parler de la situation à qui que ce soit ? Certes non, je savais être discrète, il aurait dû l’observer s’il était aussi malin que son totem. Je mettais cette remarque superflue, et que je jugeais rhétorique, comme étant le reflet de la fébrilité de Rory. Son raclement de gorge eut juste pour effet d’élargir sensiblement mon sourire, et, secouant légèrement la tête en signe de négation, je parvenais à redresser le visage en restant toutefois toujours ramassée sur moi-même.

- Non, rien ne me tracasse, merci. Je suis assez confiante, et même si je suis nulle en potion, je pense réussir à faire celle-là. Il me manque surtout ces ingrédients. Je les indiquais de l’index. Je peux te les prendre ? Et je t’en rendrais des frais en retour.

Sens du devoir. Sens de l’égalité.
Être le moins possible redevable, car j’appréciais donner, mais je ne savais pas comment recevoir ce qu’on me donnait. Parce que je n’avais pas les codes sociaux. Je n’étais après tout qu’un cafard.
Rapidement, je détournais le regard avant de rajouter.

- Il est bientôt l’heure de mon prochain cours…



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Sam 11 Déc - 4:06
Some things should stay unspokenC’était peut-être triste de l’affirmer mais Rory Barjow était habitué, presque désensibilisé, à la violence dont son père pouvait faire à présent preuve à son égard. Certes, les gestes en eux-mêmes restaient douloureux, parfois intenables, mais lorsqu’il rentrait au manoir familial, il commençait à connaître par coeur le rituel. C’était presque comme s’il savait quand il allait lui tomber dessus et comment. Torture physique ou psychologique. Quelque chose dans son attitude, le ton de sa voix ou même son regard vendait la mèche sur les sévices qu’il avait en tête. Rory avait presque envie de le narguer, de le provoquer parfois. Il s’imaginait retirer son tee-shirt en le regardant avant de le défier. « Bah alors, je t’attends pour commencer moi ! » Culotté et infaisable à moins qu’il ne veuille encore plus l’énerver. C’était également risquer qu’il s’en prenne à Lili par vengeance car récemment, depuis la mort de Caïn, plus sa connerie devenait grosse et plus il impliquait sa soeur pour intensifier la punition. Non, il ne pouvait se permettre de l’impliquer et risquer sa vie pour ce qui lui appartenait. Rory préférait ainsi dissimuler aux yeux de tous l’enfer  qu’il vivait au manoir familial à chaque retour de vacances. Seule l’administration de Poudlard était au courant des maltraitances et tentait, tant bien que mal, de l’en préserver. Des séances de psychomagie lui avaient été proposées gratuitement, il les avait toutes refusées. Le corps enseignant et administratif avait pour consigne de ne rien signaler à Monsieur Barjow à moins qu’une bêtise de son fils soit si grave qu’il risque des ennuis au-delà de l’enseigne du château comme cela avait été le cas avec l’incident de l’an passé.

Non, définitivement, Rory ne voulait pas ébruiter ce qui n’était que des rumeurs alimentées par les quelques demoiselles du château avec qui il avait pu lui arriver de fricoter. Cela dit, sa réputation de casse-cou, toujours à provoquer le danger pouvait expliquer certaines des cicatrices présentes sur son jeune corps puisqu’elles provenaient véritablement de mauvaises rencontres nocturnes dans les bois défendus. Il ne voulait pas qu’on sache également pour ne pas qu’on le plaigne. A présent âgé de seize ans, il était suffisamment grand et mature pour pouvoir se défendre seul, ne supportant pas la compassion de ses camarades. Avec Abi c’était cependant différent. Peut-être s’agissait-il de la conversation sérieuse qu’ils venaient d’avoir, sa bonté de coeur, cette façon qu’elle avait de réussir à le mettre en confiance… Sans trop vraiment savoir pourquoi, Rory commençait à de plus en plus se sentir à l’aise à évoquer des sujets si durs en sa compagnie. Ce fut la raison pour laquelle il préféra illustrer ses propos par un exemple visuel en lui montrant l’une de ses cicatrices les plus impressionnantes : sa brûlure magique qui couvrait un côté de son cou pour descendre sur son épaule. D’une certaine façon, il n’y avait rien de bien spectaculaire dans des brûlures de cigarettes, lacérations et coupures. Certes leur nombre était inquiétant mais une brûlure magique avait un aspect plus théâtrale et la douleur ressentie valait mille coups de couteaux. En lui dévoilant sa cicatrice, c’était aussi la première fois qu’il était confronté au regard de quelqu’un de son âge. Face à sa réaction, Rory préféra ne pas faire durer le spectacle plus longtemps, incapable de gérer les pleurs d’une personne autre que sa soeur Lili. Quand Abi lui exprima à quel point elle était désolée pour lui, il se contenta de hausser des épaules avant qu’un petit sourire triste ne vienne étirer ses lèvres. Elle n’avait eu qu’à dire « arbre » et « vie » pour qu’il pense automatiquement à Yggdrasill. Sa soeur l’avait nommé ainsi également. « Je vois tout à fait ce que tu veux dire… Ma soeur Lili l’appelle comme ça aussi. Elle me dit que le mien est inversé. L’enfer se situe dans mon esprit et le paradis dans mon coeur. Quand on me pose la question de ce que c’est je dis qu’il s’agit d’un tatouage et qu’il s’agit d’Yggdrasill, ça brouille plus facilement les pistes. » Conclut-il avec un bref ricanement amusé bien qu’amer de constater qu’il était le seul à savoir à quoi pouvait ressembler une brûlure magique sur le corps humain. Tel un coup de foudre qui vous parcoure, s’immisçant dans le moindre de vos vaisseaux sanguins pour vous brûler de l’intérieur.

Il y avait quelque chose d’ironique dans toute cette situation et leur conversation. Il se retrouvait là, jeune adulte avant l’âge, forcé à devenir plus mature que les autres adolescents qu’il côtoyait, incapable de déterminer s’il avait un jour été heureux. C’était une « gamine » de deux ans de moins que lui qui était obligée de s’atteler à une description plus ou moins subjective de ce que l’on était censé ressentir dans ces moments là. Cette simple idée lui donnait envie de rire. Il était tombé bien bas… Pas étonnant donc qu’il garde le silence sur ce point, préférant plutôt réagir à ce qu’elle pouvait dire sur sa nature animagus. « Tu n’as rien d’un cafard ! Tu es beaucoup trop emplie de bonté pour devenir un misérable insecte… En revanche j’ai hâte de découvrir la forme que tu vas prendre. » Il accompagna ses propos du premier sourire qui lui était véritablement destiné. Rory savait à quel point cela pouvait être stressant de se demander quelle forme prendrait son animagus et ce que cela pouvait représenter de sa personnalité. Quand il avait vu le renard et s’était transformé en ce dernier, sa mère n’avait été en rien surprise, lui avouant plus tard qu’elle savait qu’il prendrait cette forme. C’était logique selon elle.
Alors qu’il était encore plongé dans sa réflexion, les propos d’Abi et la beauté de ce qu’elle lui disait l’assomma net. Comment un si petit être, aussi fragile qu’elle pouvait contenir autant d’amour à distribuer sans rien attendre en retour ?! Un mystère auquel il n’aurait probablement jamais de réponse. A mesure qu’il la fixait, cherchant désespérément quelque chose à lui répondre, tout devint subitement plus clair. C’était presque comme une évidence, un besoin viscéral de lui retourner cette affection comme il pouvait. Très peu coutumier des accolades qui n’étaient pas un signe d’amour particulièrement pratiqué dans sa famille, ce fut tout de même ce qu’il choisit de faire. Il ne fit pas durer trop longtemps l’instant, probablement aussi embarrassé qu’elle par son geste. Après l’avoir remercié, il ne put s’empêcher, tel un chien hargneux qui continue de montrer les crocs alors qu’il vient d’être secouru, de la menacer pour lui ôter l’idée d’en parler à qui que ce soit.

Dans sa veine tentative de faire oublier son geste et ainsi changer de sujet, Rory évoqua le processus de sa transformation à venir, concentrant toute son attention sur les ingrédients encore présents à côté d’eux. « Au pire si tu rencontres un problème avec ta potion tu sais où me trouver, je pourrais t’aider avec ça. Vas-y, ils sont pour toi de toute façon. J’ai fait un petit stock au cas où donc tu n’as pas besoin d’en chercher par contre je refuse que tu m’en rendes des frais. Ils sont pour toi, c’est tout, j’attends rien en retour. » Sur ces mots il rangea les ingrédients dont elle n’avait pas besoin dans son sac en toile et finit par se lever. « Je dois y aller également, j’ai deux heures de défense contre les forces du mal, faut que j’aille récupérer mon bouquin. Tiens moi au courant de l’avancée de ton processus et si t’as des questions viens me voir. » Dit-il avant de s’éloigner, regagnant le château tout en prenant bien soin de regarder autour de lui si des élèves n’étaient pas présents et auraient pu assister à la scène qui venait de se dérouler. C’était un peu tard mais si tel était le cas, il aurait pu facilement leur faire passer la fabuleuse idée d’aller répandre une nouvelle rumeur à son sujet. 
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